Le temps des hirondelles
Mon enfance s'est écroulée dans les hautes herbes
tintamarre d'un monde en furie
villes radieuses dénuées de réalité
la guêpe nimbée d'aurore métamorphose le pollen
j'ai connu l'idylle des illusions douloureuses
j'ai côtoyé les pierres fouillé les sables
que de syllabes manquantes ourlent mes paroles
je ne suis que fièvre et fatigue
un étranger suspect dans les rets de la lumière
des sources jaillissent de mes poignets
comme un sang transparent irriguant le néant
il est si loin le temps des hirondelles
à quoi bon maintenant ressasser les roses anciennes
j'ai lu tant de livres que j'ai fini par tout oublier
mon existence tourne sur elle-même
comme une galaxie en forme de nautilus
mes amis ne savent plus où j'en suis
ils ont trop de travail trop de problèmes à résoudre
j'admire leur solitude dans les lueurs de l'arc-en-ciel
qui pourrait me tendre un poème d'amour me rendre
le goût onctueux du lait de l'espérance ?
André Chenet