Approfondir le noir
et tandis que c’est
là
une présence venue de loin
qui
te
regarde
et
pour finir
qui te
soulage
comme te soulagerait
la discrète proximité
d’un compagnon de bagne
que tu te serais inventé
mais rien rien
rien de bien
mystérieux
là-dedans
le noir est simple
comme le bon vin
c’est comme un souffle qui s’avance
à travers le blizzard au moment où l’on s’apprête
à reconnaître un visage familier
ou encore
(le noir vois-tu ne manque pas de métaphores)
noir ce noir de paupières closes
noir ce noir élégiaque
appliqué à même la toile
au rouleau au pinceau
jeté comme ça peut
dévoilant au hasard quelques
formes sommaires
qu’il recouvre pourtant
maldoror est noir
comme est noir l’ostrogoth
quand sade est si pauvrement vert
de même que le sacrement
discipline est jaune de bile
quant à rigueur
il est rouge d’apoplexie
désordre est noir tout noir
de même que chaos
dehors est d’un beau noir très ample
tirant un peu sur le bleu
noir le pas tranquille de mon cheval
dans ma montagne afghane
noir le khôl
de la beauté
Gérard Larnac