Sept ans dans les bois

Publié le par la freniere

Suis-je aussi vieux que je le suis ? Peut-être pas. Le temps est un mystère qui peut nous mettre sens dessus dessous. Hier j'avais sept ans dans les bois, un bandage recouvrant mon oeil aveugle, dans un sac de couchage que ma mère me fabriqua afin que je puisse dormir dans les bois loin des gens. Une couleuvre se glissa près de moi sans me remarquer. Une mésange se posa sur mon orteil nu, si légère qu'elle était à peine croyable. La nuit avait été longue et la cime des arbres chargée d'un trillion d'étoiles. Qui étais-je, à moitié aveugle sur le sol de la forêt, qui étais-je à sept ans ? Soixante-huit ans plus tard je peux toujours habiter le corps de ce garçon sans penser au temps qui s'est écoulé depuis. C'est le fardeau de la vie d'avoir plusieurs âges sans voir la fin des temps.

Jim Harrison (1937-2016)

Traduit par Stéphane Chabrières



 

Publié dans Poésie du monde

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