Avant de l'écrire

Publié le par la freniere

Avant de l'écrire

Ce poème à lui seul restitue le portrait vivant de cet homme
poète tourmenté en butte aux noirceurs de son temps et de sa chienne d'existence
avec lequel j'ai partagé à La Colle s/ Loup les aubes d'un pain à venir dans les tumultes et les silences de la parole.
La maladie qui le tenaillait déjà
nous avions su ensemble la conjurer, la tenir à l'écart.
Christian Erwin Andersen était réellement un ange déchu tombé sur la terre au milieu des corons et des luttes fratricides de notre temps.

André Chenet


 

Avant de l'écrire
va voir ton poème
il t'attend sur le seuil

pourquoi es-tu venu
il ne le sait pas
mets-le en confiance

lisez-vous sans hâte
face à face
ton poème et toi
lisez-vous
les yeux dans les yeux

ainsi font
au hasard des puits
les gens du désert
quand ils se croisent
sans avoir marché
longtemps

qu'il épelle bien
chacun de ses mots
pour la première lecture

car elle est l'inévitable
par quoi tu sauras
si les yeux de ton poème fuient
c'est qu'il est félon
égorge-le

si au contraire
tu sens une grande joie
parce que tu as reconnu
ton enfant
prends-le dans tes bras
étreins-le
promène tes doigts
sur son corps délicat
qu'il s'enchante jusqu'à l'extase
de découvrir
son propre poème

s'il tremble enfin
réjouis-toi
c'est un bon poème

Christian Erwin Andersen
in “défenestration des anges”, éditions Les Voleurs de Feu - 2011

 

Publié dans Les marcheurs de rêve

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