Le veilleur de silence

Publié le par la freniere

Je connais des pays qui s’endorment debout
D’étranges femmes seules y passent les mystères
J’y ai longtemps vécu de lentes agonies
Et je veillais les morts avec des armes blanches

Je connais des pays qui s’endorment debout
Où des aveugles marchent vers de fausses fontaines
Souvent des étudiants jouent à tirer au sort
Celui qui ira seul se brûler sur les places

Je connais des pays qui s’enterrent en silence
Les yeux éteints des loups y laissent des échardes
Et des villes sont rangées au plus profond des fleuves

Des visages s’y heurtent dans mon dernier visage
Et de grands enfants tristes plus vieux que le malheur
Brûlent avant de mourir leurs vêtements d’hiver…

Praha,
Janvier 1969
Après le suicide par le feu
de Jan Palach

 

Tristan Cabral

Publié dans Tristan Cabral

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