Le loup de la nuit
Elle se lève autour des chairs de la nuit
aussi vivante que le désespoir des fleuves
L'éloignement des étoiles au coeur des ruines
de son âme en destruction
signe la fin du silence
Du palimpseste de facebook à l'aube d'une vie rêvée
l'amitié ne connait de virtuel que l'absence des corps inutiles
Soudain, le chant des Tziganes perce le coeur à l'agonie
anéantissant de démence
le cancer du monde humain
Elle délivre autant de mots qu'un doliprane ou un
tranxène,
un placebo à la mélancolie
De la torture des arbres
elle fauche les souffrances
des murs qui saignent elle entend les prières
comme un tableau de condoléances qu'elle peint au
crépuscule.
La compassion de la nature survit à l'extinction des êtres
Seule au bord d'un vide de quiétude, nourrie de la passion de la vie,
inerte comme le vent,
légère comme un pétale de sommeil
elle pleure
Dans ses pupilles,
la cocaïne du vivant,
dans ses mains silencieuses, la douleur du monde
Au-dessous de ses pieds, elle assiste encore à l'enterrement de son père,
nostalgique d'une histoire emplie de son histoire
A l'horizon des tombes pourtant, les fantômes récitent l'empathie,
l'amour,
la tristesse,
tels des anges suicidés au vide dormant de solitude
La nuit ne connait pas la panique du silence
la mer ne connait pas la peur du noir
les cadavres sympathiques ne connaissent pas l'effondrement
des légions
Les nuages en décomposition ne sont plus les victimes de la peine
La mort est sa voisine
disparue
malade d'incompréhension
La mort est un défunt comme les autres
aimée de ses enfants
dépressive autant que les vieillards
aussi injuste que les gens
Elle se lève
autour des ombres de la vie
aussi vivante que le désespoir des hommes.
.
Corinne Cornec Orieska, mars 2017