ILE ENIGER ou la fleur dans les ronces
Entre le goût des images cosmiques, la quête d'un autre souffle ou la recherche du sien propre, il y a un espace d'une prose attentive, juste, d'une réflexion, d'une beauté qui s'accomplit, d'un chemin de feu pour se connaître, aimer et apprendre. A lire, à suivre, pour connaître encore celle qui n’invente rien qu’elle ne sache déjà.
Olympia Alberti - Actualités littéraires Nice-Matin
Née dans le Thor, de la même glaise que René Char, Ile Eniger, imperméable aux modes et aux jeux de coulisses littéraires, mène une recherche unique dans la poésie française. Elle avance vers un dépouillement de plus en plus riche de sens, dans une quête de l’essentiel où chaque mot retrouve sa force initiale. Pas de fioriture. Pas d’emphase inutile. Sur les pages d’Ile Eniger, on n’entend pas le bruit du papier mais celui de l’encre. Il n’y a pas de blancs dans ses poèmes mais des espèces de géodes où s’irise le sens.
La poésie d’Ile Eniger, très incarnée, très enracinée, porte au détour d’un point ce grain de folie qui nous fait basculer dans la conscience cosmique. Dans ces phrases lapidaires, cette écriture terrestre, c’est le ciel qu’on frôle. On retrouve à la fois la rudesse et la douceur du sacré dans ce qu’il y a de plus concret. Ses racines d’encre et de chair ont une préhension très spirituelle des choses.
Ile Eniger écrit comme une funambule, une danseuse sur le fil. Elle ne contourne pas les obstacles, mieux, elle les intègre dans sa danse. Écriture sans joliesse, sans mièvrerie, sans concession, sans complaisance. Ses mots ont la beauté des pierres, la force des racines, l’entêtement des ronces sans leur foisonnement. Ce n’est pas seulement le cœur qu’on entend battre mais la colonne vertébrale du mot quand il se tient debout.
Mêmes fermées sur elles-mêmes, les phrases d’Ile Eniger ouvrent sur le tout. Les points et les virgules y sont comme des galets dans l’eau du fleuve. Si dans leur réussite formelle, les textes d’Ile Eniger semblent clos, il ne faut pas se leurrer. On voit la fleur à la seconde lecture, tout le bouquet à la troisième. Ensuite, on sent la pluie et le soleil sur chaque pétale, le sang de l’écrivain dans chaque mot, le sens dépouillé de sa gangue. L’intime rejoint l’universel.
Jean-Marc La Frenière
Ile marche nus pieds pour mieux sentir monter dans ses muscles la musique des pierres. Rageusement elle s’avance nue vers les terres rouges de
l’amour. Entrez dans ce royaume, vous y croiserez des fauves et des
fous. Ile est quelque part sous un soleil de feu. Comme chacun de nous elle
ne redoute et n’attend qu¹une chose, que surgissent de partout les loups de la passion.
René Frégni