Au bout des doigts
Tu marches dans ta soif. Du torrent d'altitude, reste une flaque miroir, un souvenir lointain de pure source. Tu marches dans la perte du ciel, la perte de la terre. Tu te souviens des hautes herbes, leurs promesses vertes. Une huile rance alimente ta lampe pauvre. La voix du vent porte l'écho de la dernière hirondelle. Tu gardes au bout des doigts le coton blanc des transparences et le silence lisse comme une page vierge. Des grains de soleil lèchent l'assiette vide. Il n'y aura rien d'autre, que cette lumière à laisser germer.
Ile Eniger