Du fond commun
La belle automne signe de noix vertes, poires blondes et derniers raisins. Un rien dans l'air se tait après la chute des châtaignes. Le manteau du ciel resserre ses crachins. L'herbe pâle se couche aux terres dures. Les chevaux rentrent fumants des labours pour ne plus quitter l'écurie. Le soir court plus vite à demain. Les arbres ne meurent pas, sous l'écorce des rejets attendent. Une glaise lourde colle les pas au sol glacé. Les prés éternuent leurs derniers rus. Les bûches sont rangées dans les remises grises. Le fil à linge raidit sous le boutoir du givre. Fenêtres et volets prévoient l'hiver. Les cheminées toussent au réveil des feux. Une lumière courte s'habille de silence. Mouillés comme sacs de larmes, les petits oiseaux annoncent le froid et la confiance des dormances. Du fond commun des terres se repose l'espoir.
Ile Eniger