L'espoir

Publié le par la freniere

Il est difficile d’être un poète de la joie. Il y a tant de misère dans le monde. Il est difficile de chanter l’amour entre les drones et les snipers, les forces de frappe, les balles perdues et les dommages collatéraux. Il est difficile de survivre aux changements climatiques, d’être libre entre les chaînes télévisées et celles du forçat. Il est difficile d’aimer les bêtes quand on les met en cage, les vaches à l’abattoir, les singes dans un laboratoire, les crocodiles au zoo, les chevreuils en ribsteaks. Quand la neige est tombée, un homme s’est vêtu de peaux. Quels hommes ont survécus à la lave des volcans, la bave des reptiles, la froidure des glaciations. Quand la foudre a mis le feu aux branches, il a fallu un homme pour ne pas qu’il s’éteigne, un autre pour l’allumer et y faire à manger. Quand les abeilles seront mortes, quel homme fera du miel, qui pollinisera les pommes, les plantes, les plants de pot. Le nectar s’amenuise dans le sexe des fleurs. Les roses de plastique ne donnent pas de pollen.

Il est difficile d’être un poète de l’espoir, pourtant je reste du côté de l’espoir, du côté lumineux de l’ombre, du côté gauche du cerveau, du côté cour et coulisses, du côté du fleuve qui mène vers la mer, du côté de la caresse qui remplace le poing, du côté des baisers qui étouffent l’injure, de côté de la sève qui grimpe dans les arbres, du côté du rêve au milieu du réel, du côté jaune du blé qui annonce le pain, du côté des athées qui savent prier la terre et adorent le soleil, du côté de la porte qui ouvre sur le large, du côté de la route où chavirent les pieds jusqu’aux trous de chaussure, du côté de la langue dans la bouche de l’ombre, du côté de l’affect s’opposant au concept, du côté de l’abeille fécondant une fleur, du côté de la flore, du côté de la faune, du côté louche des rues, du côté tendre des loups, du côté de l’amour, de l’amitié, de l’âme.

 

Jean-Marc La Frenière

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