L'horreur ou la merveille
Cette ombre d’oiseau froissée entre mes doigts,
tu l’as reconnue.
On ne peut pas dire que j’ai tout compris,
retenu. J’essaie encore de me souvenir… Parfois,
j’attends longtemps :
un nuage passe,
et les chiens reviennent du soir
(lorsque tout va presque disparaître) ; alors,
arrive un silence épouvantable
qui nous éloigne
et la soie du jour
prend flamme…
Alors, nous revoyons
ce que nous n’avons jamais pu dire : toute
l’histoire,
les morts, sales, à visage découvert,
le rideau sans étoiles ;
et la charrette qui revient, pleine de nuit et
de branches,
sans un bruit est-ce l’horreur
ou la merveille ?
L’horreur ou la merveille
Encore quelques saisons
Encore tournera le vent
sans rémission toute la nuit,
et le matin, tournera encore,
s’enroulera autour de la cafetière
(autour de l’odeur frileuse du café),
autour du fruit qui tombe de l’arbre,
autour du message que l’on vient d’apporter,
autour du silence -
des pages du calendrier
qu’on a oublié d’arracher :
mais combien de mois sont passés ? Quelles saisons, à notre insu ?
Tellement,
nous avons attendu :
nous sommes-nous trompés de jour, de mort, de chanson,
en arrosant les géraniums ?
Tellement,
nous avons mangé du pain froid
des questions.
Casimir Prat, né en 1955 à Toulouse,