La parentèle

Publié le par la freniere

Je suis désormais mon père ma mère
mes grands et arrières-grands parents
Je suis tous mes aïeux d'ici ou d'ailleurs
recyclés dans les cellules passagères de ma chair
jaillissant avec les sources de mon sang
battant les tambours brûlants en exil de l'existence
je suis cette invérifiable famille aux racines profondes
revenue des fins fonds de la nuit des temps
Je connais tous ces millions de visages
qui m'ont donné la vie transmis le secret de la mort
tous ces êtres dont je vois les gestes quotidiens
leurs labeurs leurs liesses et souffrances
leurs doutes leurs larmes leur confiance
je les entends murmurer confondu au silence
leurs clameurs leurs refus leur humilité de terriens
avec des mains fraternelles ils ont oeuvré
ils ont résisté guerroyé fais l'amour enfanté
Ils ne se posaient pas nos absurdes questions
ils faisaient ce qu'ils avaient à faire ni plus ni moins
tant qu'ils ne pouvaient pas faire autrement
sans s'affaisser contre la tourbe des illusions
ils savaient les chants de la rivière les émois de la forêt
ils labouraient les nuages inventaient des heures miraculeuses
pourvu qu'on leur foute la paix ils ne demandaient rien à personne

André Chenet, Ebauche à chaud

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article