Dernier poème de Neruda (Chili)

Publié le par la freniere

Néruda est mort quelques jour après Allende
dans un hôpital, d’un cancer
pendant que les escadrons de Pinochet purifiaient Santiago
en pissant dans sa maison et en détruisant ses livres et ses collections.

Son dernier poème, il l’a écrit sur le lit d’hôpital quelques jours avant la mort
ou quelques heures
sa dernière pensée est pour Matilda, sa femme, sa compagne,
sa moitié-vie.
On devine dans l’écriture la douce somnolence des agonisants
mais beau jusqu’au dernier mot


***


Mathilde, les ans ou les jours
endormis, fiévreux
ici ou là,
cloué
la moelle cassée
éveillé peut-être
ou perdu, endormi:
chambres d’hôpital, fenêtres étrangères
blouses blanches et discrètes
l'engourdissement dans les pieds.

Puis ces voyages
et ma mer à nouveau
ta tête à mon chevet,

tes mains volantes
dans la lumière, dans ma lumière
sur ma terre.

Ce fut tellement beau de vivre
quand tu vivais

Le monde est plus bleu, plus terrestre
la nuit, quand je dors
énorme, dans le creux de tes mains.


***
Traduit de Obras Completas (poèmes posthumes)

par Aaron de Najran

Publié dans Poésie du monde

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article