Louis Guillaume
(1907-1971)
Né en 1907 à Paris, il passe une grande partie de son enfance à Bréhat, île bretonne qu'il l'inspirera. Il devient instituteur puis professeur à Paris. L'amitié avec Max Jacob et la découverte des textes de Gaston Bachelard L'eau et les rêves et L'âme romantique et les rêves d'Albert Béguin marqueront son parcours poétique, imprégné d'onirisme. Sa poésie, cette voix douce et secrète évoque l'éternel à travers une approche sensible des éléments et une réalité revisitée par les songes. Le prix Louis Guillaume est le prix de la poésie en prose. Une association Les amis de Louis Guillaume contribue fortement depuis 1973 à connaître l'œuvre du poète.
Jour et nuit, Éditions Demain, 1931.
Déroute, Éditions Demain, 1934.
Sirènes de brume, Éditions Demain, 1936.
Occident, Éditions La Hune, 1936.
Regards simples, Éditions Mediterranea, 1937.
Piliers de l'oubli, Éditions Mediterranea, 1938.
Le coffret sous la cendre, Éditions Messein, 1938.
Les pistes entravées, Feuillets de l'îlot, 1939.
Ecobues, La tour de feu, 1942.
La route, Cahiers de Rochefort, 1942.
Enfant de sang, La tour de feu, 1946.
Pleine absence, Les letres,1947.
Ecrits de Babylone La presse à bras, 1950.
Noir comme la mer, Les lettres, 1951.
Chaumière, Seghers, 1953.
Ombelles, Cahiers de Rochefort, 1953.
Etrange forêt, Les lettres, 1953.
L'enchanteur, Simoun, 1955.
La feuille et l'épine, Les Amis de Rochefort, 1956.
Le rouet de verre, Studia, 1958.
L'ancre de lumière, Subervie, 1958.
Présences, (Hors commerce), 1961.
La nuit parle, Subervie, 1961.
Le vent pour mors, C.E.L.F. Bruxelles, 1962.
Bonheurs, La presse à poèmes, 1963.
Plages, L'oiseau d'écume, 1963.
Fortune de vent, José Corti, 1964.
Robert Prade, La pipe en écume, 1964.
En ce temps-là, L'ancre de lumière, 1965.
Le village seul..., Barberousse, 1967.
Mon Nil et autres histoires, Rougerie, 1968.
Lux, La presse à poèmes, 1968.
L'île d'enfance, Les cahiers de l'Iroise, 1968.
La montagne de sable, Rougerie, 1970.
Agenda, Subervie, 1970.
Vivre, Club du poème, 1971.
La hache du silence, Rougerie, 1971.
Au jardin de la Licorne, Delachaux et Niestlé, 1973.
En trois coups d'ailes, Périples.
Poèmes choisis, Rougerie éd., 1977.
L’étoile
Tu es celle qui tremble
et celle qui demeure.
Ta voix pleure
et pourtant ta voix chante.
Tu es la pierre tendre
où vient mourir la peur.
Une joie flotte.
J’écoute un sillage de notes.
Dans tes cheveux s’allume
une étoile d’écume.
Grave
tu suivais des yeux les épaves
et tu tendais vers moi des mains de sauvetage.
C’est un petit garçon sur le trottoir, près d’une voiture de déménagement. Il serre contre lui le bateau rouge que lui confectionna son oncle le marin et le plumier à coulisse acheté par sa grand’mère, un jour de marché loin de Paris,
un jour de marché couvert de coiffes et de mouettes.
Le petit garçon regarde les meubles s’entasser dans la voiture béante : la commode aux tiroirs hospitaliers, le berceau qui hissait les voiles du sommeil, le buffet, le fauteuil et la machine à coudre, la table ronde, autel de la soupe fumante, et l’armoire à glace devant laquelle il joue avec son reflet.
Le petit enfant ne fait pas attention au chat qui se frotte à lui. Quelle joie de gravir de nouveaux escaliers, de dénombrer bientôt de nouveaux réverbères d’une fenêtre noire au coeur de l’altitude ! Il contemple les oeillères des chevaux placides, le bonnet de coton de l’homme aux bras tatoués qui porte une caisse fragile…
C’est peut-être moi que je viens de rencontrer là, sur le seuil de la vie, au pied d’une grande maison ouvrière.
Louis Guillaume