Zéno Bianu

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Né à Paris en 1950. Signataire du Manifeste électrique dans les années 1970, Zéno Bianu est l’auteur d’une œuvre multiforme, interrogeant à la fois la poésie, le théâtre et l’Orient, oeuvre que Bernard Noël a pu comparer à une "sueur d'étoiles internes". Ses pièces et adaptations ont été jouées dans la Cour d'Honneur, au Festival d'Avignon, et à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, notamment : "L'Idiot, dernière nuit", avec Denis Lavant. Il a reçu le prix international de poésie francophone Ivan Goll en 2003. Il dirige la collection "Poésie" aux Editions Jean-Michel Place.

“Depuis le Manifeste électrique, Zéno Bianu n'a cessé de mener
une quête solitaire, singulière, à l'écart de tous les tapages.
De l'âpreté, de l'éclat, de l'effraction. Une brièveté entre séisme
et lumière. Les poèmes de Zéno Bianu sont des silex qui coupent,
qui portent des étincelles d'un embrasement de silence.
Avec Bianu le temps se change en cet espace sans fin où dansent,
s'évadent et se recomposent les atomes imprévus qui, par chance,
nécessité et mystère, nous ont un jour constitué, ou rêvé.
En cet espace, c'est la présence même qui impose son mandala,
son harmonie de sable et de cendre, de vertige et de feu : le lieu
enfin reconquis pour un nouvel orphisme.”

André Velter

Les poètes du Grand Jeu , Poésie/Gallimard, 2003.
Un magicien
, Actes Sud-Papiers, 2003.

Dans le feu du bleu, CD, avec Denis Lavant et Jean-Paul Auboux, Éditions Thélème, 2002.
Exercices d’aimantation
, Les Petits Classiques du Grand Pirate, 2002.
Suite pour Albert Ayler
, Les Faunes Éditeurs, 2002.Poèmes à dire, Une anthologie contemporaine francophone, Poésie/Gallimard, 2002.
Le battement du monde, Lettres Vives, 2002 (Prix Yvan Goll).
Haiku
, Anthologie du poème court japonais, avec Corinne Atlan, Poésie/Gallimard, 2002.
Infiniment proche , L’arbalète-Gallimard, 2000.
L’idiot, dernière nuit
, Actes Sud-Papiers, 1999.
Le ciel intérieur, Fata Morgana, 1999.
El Dorado
, Poèmes et chants des Indiens précolombiens, avec Luis Mizón, Seuil, 1999.


Ecouter

 

FAIRE MOURIR LA MORT
 
Au pays d’avant-naître
la brûlure du vide martèle
 
Au pays d’avant-naître
la terre du corps s’éparpille
 
Au pays d’avant-naître
Dieu est un sanglot de rire
 
Au pays d’avant-naître
la peur dénude le rêve
 
Au pays d’avant-naître
le temps traverse la peau
 
Au pays d’avant-naître
le souffle accoste
aux rivages du geste
 
Au pays d’avant-naître
le froid de l’être poudroie
 
Au pays d’avant-naître
le pouls de l’univers oscille
 
Au pays d’avant-naître
l’écho de la transparence
crépite
entre deux éternités
 

Scantate


je ne sais d’où je viens
je ne sais où je vais
j’avance au beau milieu
de la vie de la mort
comme un danseur vide
cherchant le sang des choses
j’écris contre le bruit
de la douleur du monde
j’avance au beau milieu
de la vie de la mort

je ne sais où j’ai vu
cette pluie d’insomnie
j’écris contre le bruit
de la douleur du monde
encore un souffle d’or
dans la course au soleil
un grand vent étoilé
qui secoue les vertèbres
je mets ma vie en jeu
je mets ma nuit en feu
réclamant sans répit
ce qui laisse sans voix
un grand vent étoilé
qui secoue les vertèbres

je ne sais d’où je viens
je ne sais où je vais
j’avance au beau milieu
de la vie de la mort
comme un danseur vide
cherchant le sang des choses
j’écris contre le bruit
de la douleur du monde
j’avance au beau milieu
de la vie de la mort

je ne sais où j’ai vu
cette pluie d’insomnie
j’écris contre le bruit
de la douleur du monde
encore un souffle d’or
dans la course au soleil
je mets ma vie en jeu
je mets ma nuit en feu
réclamant sans répit
ce qui laisse sans voix
un grand vent étoilé
qui secoue les vertèbres
je le reconnais bien
c’est l’infini parlant
 
La Chambre des vertiges (fragment)

Tu n’es plus vieille
oui
par toi je sens le sol
tu n’es plus muette
dans ta bouche
chaque mot est un geste

tu n’es plus muette
tu caresses tu griffes tu frappes le sol
chaque mot est un rythme
je sens ton souffle
je sens ta lumière
l’air la clarté l’espace
tout l’espace
je le sens

tu respires
tu n’as plus peur
tes poumons sont une forêt
tu peux tourner en moi
ceci est ton corps
ceci est ton souffle
tu respires

écoute
dis-moi ta course secrète
tu n’es plus vieille
le sol est doux
le sol est tendre
tu marches
tu chutes et tu chuchotes
tu campes tout ton corps

tu cours en plein jour vers moi
je te laisse vivre en moi
je te laisse
éclore en moi
par le vertige
par le vertige

écoute
tu arrêtes le monde
avec tes pieds
avec ta voix
je veux communier
dans ton absence
je t’accueille
étincelante
je te promets l’infini

je voudrais t’asperger de mes mots
comme de gouttes d’eau
prises au silence
dérober ta sueur
aux lèvres de la nuit
je voudrais que tu germes

tu n’as plus peur
tu t’apprêtes
tu ouvres doucement ta blessure
ton cœur emplit le ciel
tout le ciel
tu me gardes
au-dedans de tes yeux

© Zéno Bianu

Publié dans Les marcheurs de rêve

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