L'infime (France)

Publié le par la freniere

L’infime est la maison de l’univers entier. Et la parcimonie, le grand fleuve de l’abondance.
Ce qui sauve la cathédrale de sa démesure, c’est la flamme minuscule d’une bougie.
Par son feu dérisoire la prière consumée regagne les cieux.
Et le fleuve n’est rien sans l’irréductible joie d’une source. Son rire d’enfance s’entend toujours dans la majesté de l’estuaire.

La fascination vient de ce que le signe qui nous saisit le fait par le fil fragile de l’attention flottante. L’étonnement. Qui est une volonté désarmée. Le contre point inouï à une évidence écrasante et vaine.
Ce qui nous touche c’est l’endroit le plus délicat, le plus frêle, tellement délicat et frêle que la mort semble l’oublier. Que l’éternité tient tout entière dans cette fêlure du vivant. C’est un instant blotti. Une heure tremblante.
C’est le balancement délicieux des coquelicots dans les chaumes d’un grand champ de blé juste moissonné, cette goutte de sang joyeux dans cette hécatombe d’or.

Ce qui nous sauve de l’horreur c’est un simple chant murmuré.


Ce qui nous rend la lumière c’est une simple luciole dans la nuit.

Ce qui nous rend à l’amour c’est un simple regard au détour du soleil.
Il y a dans une île si petite soit-elle la puissance d’un continent.

L’infime de tes mots a pour moi l’abondance d’un grand fleuve.
Et les grands fleuves ne meurent jamais.

Il y a dans tes yeux assez de miséricorde pour étancher ma soif.

Il y a dans le chaos, assez de failles pour y cacher un poème.

 

Frank Nicolas

franckreveur.canalblog.com/

Publié dans Poésie du monde

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