Paroles indiennes

Publié le par la freniere

Humberto Ak'abal

poète maya guatémaltèque

Souvenir

De temps en temps je marche à reculons
c'est ma façon de me souvenir.

Si je ne marchais qu'en avant
je pourrais seulement te dire
comment est l'oubli.

Le jaguar

Parfois je suis jaguar
je cours dans les ravins
saute sur les rochers
grimpe la montagne

Je regarde au delà du ciel
au delà de l'eau
au delà de la terre.

Je discute avec le soleil
joue avec la lune
arrache quelques étoiles
et les colle sur mon pelage.

Tout en remuant la queue
je me jette sur le pré
toute langue dehors

Aujourd'hui

Le jour s'est levé près de moi
puis il est sorti pour aller me chercher

Je courrais les chemins et les sentiers
jusqu'à ce qu'il me trouve

assis sur un bord de mousse
au pied d'un cyprès
discutant avec la brume
en essayant d'oublier
ce que je ne peux pas.

A mes pieds
des feuilles,
rien que des feuilles.

Heures matinales


Dans les hautes heures de la nuit
les étoiles se déshabillent
et vont se baigner dans la rivière.

Les hiboux les désirent
les petites plumes sur leur tête
se dressent.

 

 

 

La rivière.

Agenouillée sur la natte
penchée sur la pierre
ma mère lave
lave
lave.

Ma petite soeur
couverte de feuilles de saule
dort dans sa corbeille.

Et moi,
assis sur le tas de paille
je regarde comment passe l'eau
et comment reste la rivière.

traduction: aaron de najran

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