Maison de retraite (France)
Enfin des mots crachés saturés des alcôves sur le pli qui suppure et là sur la couture un silence greffé. Quelques mots en boutures qui sèchent aux crochets, salaisons trop passées, moisissures en gouttes. La peau qui fane, c'est un miel collé de mouches. Je sais. J'ai renversé tout les liquides pour ce manque de temps, les mots, l'opium fumé sur peu de notes.
Surtout, je ne dirige rien, je rédige du vent, mes sueurs et mes larmes, et le sperme et la pisse, et la douleur arrive.
J'ai trouvé, j'ai la vie jouée au troisième acte, quand le rideau se baisse en flocons de poussières.
Des rides d'œillet triste, une voix de crécelle, j'aurai gagné du bronze.
Il pleut, mais juste un peu pour garder de l'humide, l'olivier vieux chavire quand ses feuilles sont grises, et moi, à la fenêtre, les coudes sur le froid, suis-je vieux ?
Peut-être que je crache mes dernières bordées, ma dernière guitare aux cordes effilochées, ma dernière insolence.
Les mauvais coups, les coups tordus, les pas trop cons et les silences, les pas de danse et le granit, on fait sa nuit, on s'aventure.
Et si j'osai entrer dans l'étendue du temps passé, et si je perdais pieds avec une rime au silence, compte réglé au bout des soldes ?
Avec dans le grand sac tous ces mots en broutilles qui font semblant de naître.
Plus de nouvelles, et pourtant, j'avais payé très cher ma place dans les ruines.
Je vais fuir au fond des failles, derrière le mur de l'aquarelle de mon père, sur la place aux platanes, sur cette chaise en paille du paysage desserré.
Robert Cuffy