Serge Wellens

Publié le par la freniere


Serge Wellens est né le 11 août 1927 à Aulnay-sous-Bois,
de parents artistes de cirque.
Ecole primaire puis buissonnière dans un Paris sinistre où
l'armée d'occupation a, effectivement, la couleur des buissons.
Lecteur boulimique, autodidacte à plein temps.
1947, service militaire en Algérie. Peu de goût pour la colonisation.
Au retour, se lie d'amitié avec les poètes de l'Ecole de Rochefort.
Fonde en 1954, avec quelques amis, un mouvement farceur baptisé
l'Orphéon qui, de canular en canular, finit par organiser de vraies
rencontres de poètes contemporains avec un public populaire.
Prix Claude Sernet en1974.
Prix Arthur Praillet en 2002.
En décembre 1999, l'Université d'Angers lui consacre un colloque
dont les Actes sont parus en 2001.
Serge Wellens vit près de La Rochelle où sa femme, Annie,
est libraire et écrivain.
Leur fils, Antoine, est comédien et metteur en scène.



BIBLIOGRAPHIE

Poésie :
J'écris pour te donner de mes nouvelles, Cahiers de Rochefort, 1952.
A la mémoire des vivants, avec Lithographie de Guy Robin, cahiers de Rochefort,
Collection"Fronton",1955.
Margueritte, Cahiers de l'Orphéon, 1957.
Les dieux existent, préface de Jean Rousselot, sérigraphie de Guy Robin,
Millas-Martin, Collection"Iô", 1965.
Méduses, dessins de Jean Guillerat. Millas-Martin, "Iô 3" 1967.
Santé des ruines, séri. deLouis Charlet, Librairie St Germain des Prés, 1972.
La Pâque dispersée, L'Arbre, Jean Le Mauve, 1981.
La concordance des temps, vignette de René-Claude.Folle Avoine, 1990.
Les mots sont des chiens d'aveugle,vignette de René-Claude. Folle Avoine, 1997.
Le rire des tourterelles, dessin de René Claude. La porte, 2001.

Essais et autres :
Rutebeuf, présentation, choix...,Poésie 1, St Germain des Prés, 1969.
Entretien avec l'Abbé Courant, Etre et connaître, 2001.
Ni le jardin de son état, n° spécial de la revue Noah, 1986.
Des commencements qui n'ont jamais de fin, disque. 50 poèmes
dits par l'auteur, avec la musique d'Emmad.
Ed.Rumeurs des Ages, La Rochelle, 2000.



L'ARBRE ILLUSIONNISTE

.
Couronné du chat
qui vit dans son ombre
l'arbre au bord de la rivière
l'arbre aux cent bras
aux mille mains
s'ébroue
s'étire
se rengorge
.
Car c'est le jour enfin
le jour soudain
qui le constelle
charriant roulant brisant
dans sa rumeur de pépiements
des pépites impondérables
.
Alors le spectacle commence
.
Regarde
une mésange bleue
entre dans l'une de ses manches
et c'est un merle en habit de soirée
qui sort d'une autre
.
Penche-toi comme il se penche
vers son image entre deux eaux
tu verras comment il change
ses feuilles en ablettes
son feuillage en Ophélie
.
Moi qui te parle je l'ai vu
faire disparaître des nuages
plus vastes que des continents
rompre la course du soleil
dérouter des constellations
.
La nuit
quand le vent le traverse
on y entend courir des trains
(il m'est arrivé d'y prendre
l'express pour Kautokéino
en Laponie où jamais rail ne fut posé)
.
C'est ainsi que tout lui est bon
pour se donner en spectacle
Il cabotine sous l'orage
comme s'il l'avait inventé
il enseigne à la pluie
des discours insensés
il prétend servir au soleil
d'obscures leçons de pudeur
.
Et je ne parle pas
de sa petite partenaire
très évidemment nue
sous sa robe taillée
dans un essaim de guêpes.


COMME LE FEU D'UN RENARD

.
Je ne dors pas
j'attends l'aube
qui si bien défait les
fantômes de la nuit
.
Mots sans mémoire
qui se diluent
dans le désordre du poème
.
comme le feu d'un renard
à l'anarchie des buissons
confondu
.
D'un renard qui doit
sa vitesse à la peur



HIER VIVAIT D'AILLEURS


Hier vivait d'Ailleurs . Il nous était donné de faire chanter la lèpre, d'entretenir
les ruines. On dormait dans le lit des rivières, dans le froid des cressons. On don-
nait une conscience à des terres incultes : cadastres transparents, vastes projets
d'irrigation et de détournement des vents .


Notre pouvoir s'éclairait du dedans. Une forêt d'astres humiliait la nuit .


DU SEC ET DE L'INCOLORE


Il fallait avoir raison du sec et de l'incolore, donner aux mots le courage de la
sève et l'obstination des racines. Mais les sauterelles venaient toujours avant la
feuille, avant l'oiseau. La pluie suivait de loin la foudre.


NOTRE PAIN DE CHAQUE JOUR


Notre pain de chaque jour a bien le goût du miracle. La sève dissout l'écorce,
la voix punit l'écriture, la lumière corrompt le boisseau.

Une main passe. C'est l'ombre d'un oiseau sur la neige de la page où bientôt
paraît quelque flaque d'eau sale.


ET DIEU ?


À présent
il nous donne bien de l'inquiétude
il dort mal
il rêve fort
il se retourne
et l'on entend le monde
craquer de tous ses ressorts

Est-il malade de vermine
de solitude
on dirait qu'il parle mais quoi
Va-t-il se réveiller encore une fois
et faudra-t-il encore une fois
le mettre à mort ?

Serge Wellens


Publié dans Les marcheurs de rêve

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T
<br /> Hélas ! Serge nous a quittés dimanche soir et sera inhumé demain à Marans.<br /> La poésie est encore un peu plus orpheline, le monde un peu moins généreux et chaleureux.<br /> <br /> <br />