Mimi Parent

Publié le par la freniere

Artiste québécoise. Après des études à l' École des beaux-arts de Montréal, Mimi Parent co-fonde, en 1948, le groupe Prisme d' yeux, pour la libération de l' art. Avec son mari l' artiste Jean Benoît, elle part pour Paris étudier les arts primitifs au musée de l' Homme. Elle fait la connaissance de surréalistes, qui l' encouragent dans ses créations, tableaux-objets ou boîtes-tableaux. En 1959, André Breton l' associe à l' exposition E.R.O.S. à la galerie Daniel Cordier, où La Crypte du fétichisme réunit ses assemblages, ceux de Breton et de Meret Oppenheim. Dès lors, Mimi Parent fait partie intégrante du groupe surréaliste, intervenant dans des manifestations artistiques et contestataires, tel L' Écart absolu (1965). Après la dissolution du mouvement, ses productions continuent de figurer dans des expositions à Paris (Fémininmasculin au Centre Georges-Pompidou en 1995), à Londres et au Québec, où une rétrospective lui est consacrée en 2004. Mimi Parent est décédée en Suisse en 2005.


Mimi Parent et Antonin Artaud :

http://www.dailymotion.com/video/xqixl_mimi-parent-antonin-artaud_life


"Il a 80 ans et des poussières; elle a quelques années en moins. Exilés à Paris depuis 1948, MIMI PARENT et JEAN BENOÎT forment un couple surréaliste réputé, quoique méconnu au Québec. Les œuvres rassemblées sur Grande Allée donnent une solide idée du travail des deux artistes. Incontournable.
 
C'est si rare qu'on puisse voir des expositions d'art surréaliste! Cela nous change des impressionnistes et compagnie dont nos musées font depuis plusieurs années leurs choux gras. Cette exposition d'envergure nous transporte en effet au cœur d'un des plus importants mouvements artistiques du XXe siècle, mouvement s'appuyant sur les découvertes de la psychanalyse et de l'inconscient. Comme on peut le lire dans tout bon livre sur l'art moderne, il s'agissait pour celui qu'on nomme le "pape du surréalisme", André Breton, "de poursuivre un ", d'accéder à une libération méthodique, grâce à la création d'une imagerie excessive révélant un univers intérieur. Surtout circonscrit (souvent relégué) entre les deux guerres, le surréalisme est le lieu des libres associations, des cadavres exquis, de la fascination pour les pulsions inconscientes, pour Éros et Thanatos, pour la dualité entre les pulsions de vie et de mort. Affinité avec la pensée dite primitive et surréaliste aussi: "Elles visent l'une et l'autre à supprimer l'hégémonie du conscient, du quotidien, pour se porter à la conquête de l'émotion révélatrice", telle que l'écrivait André Breton. Ce mouvement, renchérit Le Robert, en est aussi un "en révolte radicale contre les valeurs morales de la culture occidentale".

"Une fois qu'on a dépassé les bornes, il n'y a plus de limites", lançait Jean Benoît lors de l'inauguration de l'exposition au Musée national des beaux-arts du Québec. On peut voir, sous verre, un costume de nécrophile sur lequel Jean Benoît a inscrit, au dos de la cape, les mots "mort la vie te guette", ou celui pour L'Exécution du testament du Marquis de Sade, que Jean Benoît a porté en 1959 lors d'une performance soulignant l'anniversaire du décès du célèbre écrivain. Performance où il enleva progressivement son costume pour se marquer le cœur au fer rouge des lettres "S, A, D, E"... L'exposition présente ces reliques lugubres et fascinantes de même que des dizaines de tableaux, ainsi que la Boîte alerte de Mimi Parent, longtemps attribuée à Marcel Duchamp... Les œuvres, rassemblées par la commissaire Danielle Lord, vont des premiers travaux réalisés dans les années 1940 aux plus récentes productions, pour la plupart prêtées par des collectionneurs. On s'étonne devant l'imaginaire des mises en scène de Mimi Parent, se laisse prendre par l'art teinté d'humour noir de Jean Benoît. Dans ses sculptures lubriques, faites de pâte de bois, d'ossements d'animaux et d'élytres d'insectes, le motif du phallus s'impose de manière récurrente. On entre donc, avec le travail de ces deux artistes, au cœur du surréalisme et dans ce que cela peut avoir de plus exemplaire. La recherche formelle devient secondaire pour laisser davantage place à l'exploration de sujets oniriques remontant aux sources de l'inconscient.

Après avoir signé le manifeste Prisme d'Yeux, créé par leur professeur et ami Alfred Pellan en 1948, ils quitteront le Québec, mariés et boursiers. Leurs carrières artistiques respectives, la jeune femme de Ville Mont-Royal et le peintre de Québec, membre de la famille de l'ancien premier ministre Taschereau, les feront en sol parisien. La rencontre avec André Breton en 1959 sera déterminante, puisqu'il les prendra dès lors sous son aile... Le couple sera engagé dans les dernières années du mouvement surréaliste. Mimi Parent et Jean Benoît seront de toutes les grandes expositions rétrospectives du mouvement. Ils participent en 2001, à la Tate Modern de Londres, à Surrealism: Desire Unbound, présentée également en 2002 au Metropolitan Museum of Art de New York, ainsi qu'à la superbe exposition parisienne André Breton: la beauté convulsive en 1991 au Centre Georges Pompidou. L'exposition actuelle s'avère à la fois un hommage aux deux artistes exilés et une première occasion de découvrir leurs œuvres. Que peut nous apprendre encore le surréalisme? Bien des choses, quand il s'agit d'artistes qui en ont fait leur vie!»


Nathalie Côté     Voir, 8 avril 2004

 


Publié dans Les marcheurs de rêve

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