Tahar Djaout: un hommage de sa fille

Publié le par la freniere


Le 26 mai 1993, Tahar Djaout a été victime d'un lâche attentat terroriste. Il succombera à ses blessures le 2 juin 1993 à l'hôpital de Baïnem. Il était journaliste, poète, écrivain et l'un des fondateurs du journal Ruptures. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Solstice barbelé (poèmes), l'Arche à vau-l'eau (poèmes), l'Exproprié (roman), l'Oiseau minéral (poèmes), l'Étreinte du sablier (poèmes), les Rets de l'oiseleur (nouvelles), Chercheurs d'os (roman), l'Invention du désert (roman), les Vigiles (roman) et Dernier Été de la raison (roman). C'était un humaniste modeste, il avait une gentillesse sans limite et il était d'une extraordinaire honnêteté ; il a toujours défendu ses idées car il croyait en une Algérie moderne et démocratique.


Raison du cri

 

S'il n'y avait ce cri,

en forme de pierre aigue

et son entêtement à bourgeonner,

 

s'il n'y avait cette colère,

ses élancements génésiques

et son soc constellant,

 

s'il n'y avait l'outrage,

ses limaces perforantes

et ses insondables dépotoirs,

 

l'évocation ne serait plus

qu'une cannonade de nostalgies,

qu'une bouffonnerie gluante,

 

le pays ne serait plus

qu'un souvenir-compost,

qu'un guet-apens

pour le larmier.

 

Tahar Djaout


" Cela fait déjà seize ans que tu nous as quittés à jamais ; en évoquant le souvenir des moments agréables que le temps n'arrivera jamais à effacer. Un jour, alors que tu étais à la maison en train d'écrire, je t'ai demandé ce que tu faisais, tu m'as répondu que tu écrivais un roman, que tu appelleras soit Kenza, soit les Trois frères ; et aussi quand tu nous emmenais à ton travail et tu essayais de nous expliquer le monde de la presse et comment fonctionne un journal et bien d'autres souvenirs. Sois sûr que jamais on n'oubliera les moments qu'on a partagés. Même si tu nous a quittés trop vite et d'une mort violente, ton image restera gravée à jamais dans nos cœurs et nos esprits. Tu resteras pour nous un symbole de courage et de fierté car tu étais l'un des hommes que l'Algérie ne pourra pas remplacer si facilement. Ce qui nous manquera le plus, c'est ton amour, ton affection et la protection d'un père car tu étais notre espoir et notre courage, et c'est vraiment dur sans toi. Mais on est fiers d'avoir un mari et papa qui a défendu ses idées car tu voulais apporter quelque chose de durable pour ton pays. Tu es une grande perte pour l'Algérie et pour la culture ; lire et traduire Tahar Djaout est le meilleur hommage que nous puissions te consacrer. Que ton repos soit aussi doux que fut ton cœur."


Nadia Djaout

 

Publié dans Glanures

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