Paul Léautaud
C’est cela, la vie. On travaille, on fait des livres avec des tas de salutations à Pierre et à Paul. On attend la gloire, la fortune – et on claque en chemin.
Il faut plaindre une époque de ne pas mieux comprendre l’esprit, de l’aimer si peu et de le supporter si mal.
La moquerie s’en va, quand on vieillit : on est trop blessé du spectacle des hommes.
Les beaux livres, décourager d’écrire ? C’est comme si vous disiez qu’une jolie femme décourage de faire l’amour.
Qu’on fasse la guerre avec des gens de métier, qui en ont le goût, à qui cela plaît, qui aiment donner des coups et en recevoir, mais prendre chez lui un homme tranquille, pacifique, voué aux choses de l’esprit et l’envoyer tuer et se faire tuer ! Voilà la civilisation.
Tout individu ne vaut un peu que par le sentiment de révolte qu’il porte en soi.