L'appentis (France)
La beauté du monde, car il y a une beauté du réel, en particulier de la nature - la beauté du monde nous lance un appel et nous partons alors vers des endroits secrets, déshérités où les grands arbres d’or nous émeuvent, où les oiseaux volent sans inquiétude, où les herbes et les fleurs n’ont jamais vu l’ombre d’un rapt, où les pierres innombrables roulent sous nos pas ou font silence dans le lit des rivières aux eaux si transparentes. Ils ne sont rien ces endroits-là. Ils ne sont évoqués nulle part. Depuis des lustres, ils existent sans références et sans doute, est-ce pour cela que noue les aimons, que nous aimons nous perdre en leur sein, dans une solitude infinie où le savoir serait un moyen - âge.
Nous passons ainsi d’un jour à l’autre, contemplant avec des yeux neufs, toujours, dans une époque où les regards se voilent, où chacun se croit un héros alors qu’il est à peine une brindille, nous passons d’un mot à l’autre comme si, chaque fois, dans ce chant de la langue, nous découvrions de l’or, c’est à dire une aventure nouvelle.
Souvent vivre est renoncer à vivre. Souvent vivre c’est compter sur nos défaites. Et notre devoir, qui serait notre salut – serait d’inverser la rotation, d’être cette aile de moulin, toute bruissante dans les eaux, soulevant les algues et l’écume, n’ayant crainte de rien puisqu’il y aurait du pain sur la table et des rires dans les maisons.