Repeindre le moteur (France)
Allons repeindre l’horizon d’un mouvement lent des mâchoires, ruminants que nous sommes. Un chemin de mousse serpente sur ce versant. C’est une belle promenade en compagnie des vaches. On rumine, on se lave la mémoire à grandes eaux. On germe dans un petit couloir, on maquille la douleur, on lessive l’espérance. L’abîme cogne contre le château des évidences, je dresse mes soirs de brume, les chaussures de ma pesanteur, l’alcool des nuits illisibles, le balancement des squelettes, la fleur d’ennui qui poétise le tourment. Mon chant casse la croûte dans la bouche des ruminants, s’imbrique à l’œuf sidéral. A chaque ligne c’est comme si je dictais mes dernières volontés. Je remplis le petit cochon rose, la tirelire d’instants à paître. Le moteur tourne en harmonie avec le désir. On a bien oublié un sac ou deux dans une chambre passée mais... Les jours s’en vont toujours sur un chemin pavé d’amphores.