Écrivant sans compter
ÉCRIRE : CRI ET RIRE
Dans écrire, il y a crier et rire.
Salah Stétié
Je ne sais pas écrire sans faire des bâtons,
mes ficelles d'écriture attachées aux branches du marronnier d'une cour d'école.
Je ne sais pas écrire sans les ronces, les orties,
les égratignures de l'enfance vagabonde
qui m'ont fait ce sang d'encre
et d’innocence.
J'écris par je ne sais quel hasard,
ces petites choses sans importance :
le hasard et la nécessité
la pluie et le beau temps
les cendres et le miel
les armes secrètes
des mots et des métaphores.
Je ne sais pas écrire sans cet amour des inepties,
ce masque du non-sens,
cette attention aux mots de sac et de corde,
cette activité qui dit vrai
et déli(v)re.
Je ne sais pas écrire, mais, se détachant de moi, je te donne cette page.
Elle est blanche, dis-tu.
Elle est vide, crois-tu,
mais elle craque de ce feu où n'entrent que ceux qui écrivent sans compter,
à l'écart des discours, imposés à la société,
par les sophistes des communi(c)ants.