Faubourg de l'Hôpital
À la mémoire de Francis Giauque
Tranquille une douleur
est là parmi les branches
Mais toi tu n’es plus là
Je n’entends plus ton pas
le long de l’allée claire
Je n’entends plus ta voix
C’est un parc immobile
et bourgeois Le beau temps
ajoute au désarroi
Hier encore on parlait
de ce mal d’exister
qui te clouait le foie
Au fond de la souffrance
tu avais un œil fixe
et rempli d’épouvante
Tu avais vu des rats
passer par la serrure
pénétrer dans la chambre
Et ta vie était comme
une montée de rats
dans l’angoisse où tout seul
plus seul toujours plus bas
dans un puits de silence
tu fumais regardant
la pendule parfois
Répétant à voix basse
pour la centième fois :
Demain je me descends
On n’y croyait pas trop
Tu as tenu parole
Et c’est l’eau maintenant
qui te tient Je la vois
au bout de l’allée noire
Faubourg de l’Hôpital
où tu renonces même
quand les amis te parlent
à leur tendre les bras
Georges Haldas