Gérard Larnac
« Ecrivain-voyageur", selon l'estampille ridicule des années 90, qui rappelle les pigeons du même nom. Quelques récits (4 ou 5) publiés à la NRF par Jacques Réda. Ami du poète Kenneth White avec qui j'ai partagé quelques bons bols d'air bretons et de très franches rigolades. Je me tiens pour l'heure aussi loin que possible des éditeurs et des salons du livre. Je crois que nous sommes quelques uns à préférer l'écriture, dans son processus, au Livre et à sa petite industrie sourde.
Vis-à-vis du cirque littéraire-universitaire-médiatique, j'ai pris la clef des champs il y a fort longtemps et je suis bien décidé à ne pas la rendre ! Si mon chemin passe par la littérature, très bien; mais s'il n'y passe pas, tant pis : l'important pour moi est de faire chemin.
J'aime souvent rendre hommage à des "amis" en pensée, que j'appelle pour rire mes Maîtres (pour rire car je suis assez peu déférent dans la vie!) : Jack Kerouac, Gary Snyder, Kenneth White, Jacques Lacarrière, Edgar Morin, Michel Serres. Très influencé par André Breton, ce qui n'est pas du tout dans l'air du temps, et par René Char (ce qui est plus convenu). Mais plus encore par les horaires des chemins de fer... »
Bio/Biblio :
Membre fondateur des Cahiers de Géopoétique dirigés par Kenneth White (1989), Gérard Larnac a publié ses premiers récits dans les pages de la Nouvelle Revue Française (Gallimard), alors dirigée par Jacques Réda. Il est l’auteur de plusieurs essais philosophiques :
Après la Shoah (Ellipses, 1997)
La Tentation des Dehors (Ellipses, 1999)
La Police de la Pensée (L’Harmattan, 2001)
L’Eblouissement moderniste (CLM, 2004)
Le Regard échangé – une histoire culturelle du visible (Mare & Martin, 2007).
Et d'autres, publiés, chez des éditeurs épisodiques ou peu diffusés.
Le voyageur français (Editions de l’Aube, 2008)
Peut-être que pousser et reverdir chaque année, pour un arbre, est sa façon de s’interroger sur son être profond. L’homme, lui, a toujours besoin de s’écarter, d’entrer dans la distance pour se demander : « Qu’est-ce que mon être ? » On aurait envie de lui dire : « Contentes-toi donc de pousser ! »
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Etudier, exister, méditer, éprouver… Et toujours ce même désir : répondre présent, être avec, participer, accompagner ce monde, pénétrer ce tel quel, sentir battre l’immédiat de tant de choses en cours…
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Le nomadisme intellectuel est la faculté d’objectivité, les yeux qui partout se nourrissent. Qui possède de tels yeux entre de tous côtés en relations justes avec ses semblables.
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A l’instar des grandes douleurs, les vraies révolutions sont muettes. Elles ont l’éternité devant elles : c’est pourquoi elles n’ont pas besoin de recourir à la violence, aux slogans ni aux dogmes.
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… réintégrer le quotidien à un niveau supérieur de conscience. Instant d’élection où profane et sacré communiquent et se mêlent – au gué au milieu du fleuve où, arrêté en pleine lumière, l’être prend soudainement conscience de lui-même et renouvelle, comme en un solennel engagement, son acte de présence au monde
là-bas c’est l’aube qui doucement avance
quelque chose sans bruit se dénoue
- la piste du monde caché !
Encore un fois nous vivons
toujours plus haut, toujours plus haut !
Ainsi vivait l’Indien au temps de la Grande Prairie. Lorsque le Verbe possédait encore tout le pouvoir d’une formule magique, l’esprit la vigueur claire d’une flèche en plein vol. Une Parole pour faire tomber la pluie.
Gérard Larnac