Il y a encore
il y a encore le lever et
le coucher du soleil mais
tout est à vendre le pays
les travailleurs à vendre
la panse à vendre le sang
le feu liquidation totale
il n’y a plus de brochets
dans les fossés du hameau
il y a encore des harengs
dans la mer il n’y a plus
de manifestation ouvrière
ni de procession il n’y a
plus de charrettes à bras
il y a encore des volutes
de fumée montant vers les
étoiles il y a encore une
cuillère de confiture sur
la tartine beurrée il y a
encore un peu de fidélité
il est encore possible de
vivre avec les morts ceux
qui viennent vers nous et
qui nous regardent danser
dans le bocal du commerce
il y a encore la joie les
livres le vent les nuages
il y a encore les briques
d’argile cuite le travail
créateur les sourires les
larmes l’attente paisible