Ils ont dit
J’écris pour me vulgariser, pour me massacrer, et ensuite pour m’ôter de l’importance, pour me délester : que le texte prenne ma place, de façon que j’existe moins. Je ne parviens à me libérer de moi que dans deux cas : par l’idée du suicide et par celle d’écrire. […] Vous savez quelque chose ? Je ne pense pas avoir jamais connu personne sans que je me sois posé cette question : les gens, quand ils n’écrivent pas, que font-ils ? J’ai une secrète admiration pour les personnes qui ne le font pas, et je ne sais justement pas comment elles le peuvent. […] L’écrivain a deux vies : une, celle à la surface de soi, qui le fait parler, agir, jour après jour. Et l’autre, la véritable, qui le suit partout, qui ne lui donne pas de repos .
Marguerite Duras