L'eau des sombres abysses (France)
Evy, si tu m’entends encore là-bas, où tu n’es plus,
sache que tout me manque de toi, ton corps, tes yeux, ta voix et ta vive présence,
mais sache aussi que je tente de faire ce que tu m’avais dit
quelques semaines à peine avant de t’en aller dans le noir :
« Quand je serai partie, tu finiras ton livre,
tu en commenceras d’autres, si Dieu t’en donne envie,
car du puits secret de la vie jaillit la neuve poésie,
et souvent répond le génie à l’appel muet du destin.
Si je l’entends là-bas, j’en aurai du plaisir ;
mais quand viendra l’instant de glisser dans la nuit,
laisse-moi doucement, sans cris, sans mots, partir :
chacun de nous doit boire seul l’eau des sombres abysses. »
Claude Vigée
Paris, le 30 juin 2007