La main et le souffle
Quelle est cette main de labeur et de patience
qui s’est mise à creuser en moi ce chemin
sur lequel elle m’engagea sans autres signes
ou repères que cette lointaine certitude
que j’étais à mettre au monde là-bas
au bout de cette route boueuse faite de terre noire,
de terre rouge que je m’enlève aux flancs
afin qu’elle soit foulée aux pieds
faisant de celui qui marche
un être plus léger au fur et à mesure qu’il avance,
n’étant déjà plus qu’un souffle au bout de la terre
la sienne, la seule, celle où l’on arrive nu, sans vêtement de peau,
sans vêtement de l’âme,
sans vêtement de cœur dans l’entière et totale nudité
du souffle qui est sans ombre, sans trace à l’orée du ciel immuable ?
Michel Madore