Le Devoir: Fais ce que l'oie !

Publié le par la freniere

J'écris dans "Le Devoir" depuis 1964, je crois: des dizaines et des dizaines de chroniques littéraires, de textes polémiques ou de toute autre "nationalité". Cinquante ans, donc, ce qui ne doit pas être loin d'un record en quelque sorte. Quand "Le Devoir" a célébré les cent ans de son existence, je n'y fus même pas nommé à titre de collaborateur... et aucun texte sur l'aventure qu'a toujours été ce journal ne m'a été demandé.

Je vous dis ceci par-devers notre campagne de financement. J'ai envoyé au "Devoir" à quelques reprises communiqués faisant état des tenants et des aboutissants de notre campagne de financement. J'ai parlé à la directrice du "Devoir" hier, fort sympathique par ailleurs. Quelques heures plus tard, je recevais toutefois de Catherine Lalonde, directrice de la section Livres, le message suivant:

"Monsieur Beaulieu, j'avais déjà reçu votre message, mais tous les jours ces temps-ci les artistes, et pas les moindres, se tournent vers le sociofinancement. Avec mes salutations distinguées."

Quand j'ai lu ça, le sang n'a pas fait 99 tours dans mes veines, comme l'a si bien dit Jacques Prévert... ni 66...ni 33... un seul, bonguienne! Ce message si laconique, si plein d'indifférence, m'a fait entrer dans une colère flaubertienne et, enragé, voici ce que j'ai écrit à Madame Lalonde:

"J'ai reçu votre message, mais tous les jours ces temps-ci on parle de m.cosby, de m. béliveau et de tous ces politiciens qui répètent les mêmes choses. Ça ne vous empêche pas de faire plein de pages dessus leurs âneries. Vous parlez des artistes... et pas des moindres, dites-vous. Si j'étais un brin paranoïaque, je croirais que je fais partie de ces moindres, en tout cas, comme directrice des pages dites culturelles du "Devoir". On peut pas dire que vous êtes ben recevante pour quéqu'un qui a passé 50 ans à écrire et à éditer. Avec des directrices comme vous, le couillardisme est bien gardé, croyez-le! Ah, et puis... que devient "Le Devoir" après tout? Ah, et puis... à quoi bon parler à quelqu'une qui n'a pas d'oreilles pour entendre, de grosses bretelles mais guère d'épaules pour les porter. Ceci étant dit, me retenant des deux mains... parce que votre message aussi sec qu'un pet de sœur aurait de quoi me déconcrisser à mort. Ainsi soit-elle. Je mets mes hommages à vos pieds, madame.VLB"

Voilà Voilà pourquoi ma fournaise intérieure est rouge cerise depuis hier soir. Me suis souvenu de ce mot de Nietzsche sur les folliculaires de son temps: "Du train où s'en va le journalisme, dans cent ans il n'en restera plus que la puanteur."

Mais je me suis souvenu aussi de ce mot de Victor Hugo: "S'Il n'en reste qu'un, je serai celui-là!" Ça a ramené ma fournaise de rouge cerise à un bon petit feu d'attisée ce matin. Mais qu'il est difficile dans ce pays-pas-encore-pays de marcher droit.... et surtout par devant! Décontresaintciboirisant c'est!

Victor Lévy Beaulieu

 

Publié dans Glanures

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C
<br /> Le Devoir : c'est plus rien d'autre que le journal des bien-pensants qui se congratulent sans autocritique. VLB dérange évidemment....Je me régale à chaque fois de ses articles qui brisent les<br /> socles des statues.<br /> <br /> <br /> Merci de publier ici<br /> <br /> <br /> Christiane<br />