Le sel de l'eden

Publié le par la freniere

Purgatoire

abattoir que ton monde,

ô déesse

des échanges véreux et de l'extermination programmée,

où des milliards de personnes humaines ( ou encore officiellement tenues pour telles) sont chaque jour passées au presssoir.

Les mêmes, depuis la nuit des temps, que le travail laminait, les mêmes, désormais, son exponentielle absence les jette hors

champ, hors course, hors monde : à quand leur  annulation ? À quand la flexibilité complète, jusqu'à disparition ?

 

C'est dans les commencements de la terreur, de la terreur mondiale,

quand les sans-emplois, les sans-logis, les sans-papiers, les sans-droits, les sans-rien, s'amoncelleront par vagues et par

vagues dans des zones jusque-là protégées de la misère concrète, de celle qui ne s'évite plus du regard,

           c'est quand ces moins que moins

           c'est quand ces inutiles

           - inutiles à ton système, pour produire comme pour consommer-

           c'est quand ces pis que pauvres, donc, deviendront globalement nuisibles

           que tu vas nous montrer ce que vraiment tu sais faire,

           ce que vraiment tu es,

           O Monstrueuse et les chers Quelques-Uns que tu auras servis

et la cour de ceux à leur solde, qui t'auront acclamée en les servant : économistes, journalistes ad hoc, funambules

politiques,

           ces beaux esprits se révéleront

           pour ce qu'ils sont déjà : des laquais de la plus-values

           - des vautours.

           Le statut de charognard n'est pas fameux sur le plan moral.

           En haute finance, il est parfait.

 

           Où l'abruti qui osera encore te célébrer, toi, Économie ?

           Où l'abruti qui ira voir en toi l'image de la grandeur de l'homme ?

           Où l'abruti qui établira que tu te confonds avec le réel, que tu incarnes le principe de réalité, que tu l'actives même ?

           Il aura devant lui, il a déjà devant lui des monceaux de cadavres pour lui rappeler ou lui apprendre ce que fait l'argent,

           le sacré, le juste, le généreux argent !

 

Serge Sautreau

Publié dans Poésie du monde

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