Les hommes creux

Publié le par la freniere

Nous sommes les hommes creux
Les hommes empaillés
Cherchant appui ensemble
La caboche pleine de bourre. Hélas!
Nos voix desséchées, quand
Nous chuchotons ensemble
Sont sourdes, sont inanes
Comme le souffle du vent parmi le chaume sec
Comme le trottis des rats sur les tessons brisés
Dans notre cave sèche.

Silhouette sans forme, ombre décolorée,
Geste sans mouvement, force paralysée;

Ceux qui s'en furent
Le regard droit, vers l'autre royaume de la mort
Gardent mémoire de nous - s'ils en gardent - non pas
Comme de violentes âmes perdues, mais seulement
Comme d'hommes creux
D'hommes empaillés.

T.S. Eliot
traduction de Pierre Leyris

Publié dans Poésie du monde

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