Les poètes sont légions

Publié le par la freniere

A Port-au-Prince les poètes sont légions
Ils vont entre amour et colère
Dénoncer les pluies assassines
Et les soleils en uniforme de vampire
Chaque fois que vous allez à Port-au-Prince
Ecoutez les troubadours
Regardez le sang des peintres
Achetez le cœur des marchandes
Entrez dans la danse des passants
Vous trouverez toujours un poète
Sans passeport
Dont les mots voyagent
De marchés en musiques
De musiques en capitales
De capitales en citadelles
Pour le peuple des peuples

A Port-au-Prince les poètes sont légions
Ils lancent dans la ville
Des ailes de papillons
Des avions en papier
Des lettres d’amour
Des colibris bleus
Et des cris de prophètes
Et la ville s’envole dans un rire de poète
Et la ville saigne
Et la ville prend la drogue du soleil
Et la ville tourne en rond
Comme un chien qui se mord la queue
Et la ville jouit comme une fleur sauvage

A Port-au-Prince les poètes sont légions
Ils n’ont pas de tréteaux
Parfois ils ont des livres ouverts
A même le ciel
A même les bibliothèques des trottoirs
A même les veines ouvertes des matins
A même la nuit sonore des femmes
Le plus souvent ils habillent le silence
Et polissent les larmes des divinités
Ils donnent la voix
Ils sont la voix du peuple des peuples

 

Ernest Pépin

Publié dans Poésie du monde

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