Où se trouve le sursaut ?
Je n’attends plus dieu dans la fissure. Sucre fœtal alangui, le trac suprême fait office. Qu’est-ce qui doute ? Le camouflé du réel rangé dans un placard sordide. Des balais et des serpillières. Des copeaux d’air brûlé reposent dans une bouteille d’alcool. Eau de vie sans vergogne, un enfant meurt toutes les trois secondes. Le miel de la mer bafouille quelques vagues insonores. La récolte des courbes se fait dans les arbres. Et dans mon cœur, j’ai la vision du lait que l’on refuse aux chatons.
Liqueur d’oliviers répandue dans les champs archaïques, hublot refermé sur la plénitude des couteaux. La lumière s’est rétractée au fin fond de l’intime ombilic. Jets de pétoncles, huîtres écaillées, et encore des couteaux plongés dans le sable. Reptile ordinaire en vrilles jaillissantes, la terre mordue et le venin artisan du soufflet des forges. Où se trouve le sursaut ?
Un seul et unique mot pour dire tous les autres :
Chemise au col défait
Bouton décousu tombé par terre
Fermeture sous l’éclair tiré par le bas
Un seul et unique sens pour livrer la terre
Collée sur la poitrine du vide
Ta parole fourche et la poésie nous cherche
Le retour solitaire des sans visage
Nomme les aveugles étourdis
Et les citadelles éclairées veillent sur le noir
Précipice des mémoires perforées
Chacun roule sa brûlure
Et peuple le feu
Au milieu de la place enneigée
Où s’abîme le ciel
J’ai appris la vie
Dans le baiser d’un songe
Je parle le dialecte des pierres
Où la mousse cherche un refuge
Des tourbillons dans les yeux
M’empêchent de voir l’ombre qui danse
Un amour où se ferme le regard
Contient le tourment du feu
Qui meurt dans la flamme
Je brûle et cela ne se voit pas.
Bruno Odile Tous droits réservés ©