Pleurer ne sauvera pas les étoiles
J’ai toujours voulu voir le monde que les aveugles voient. Et raconter aux autres enfants les rêves que faisaient leurs ancêtres les yeux ouverts : des histoires d’amour et d’épouvantails au milieu d’une guerre d’éoliennes. Je suis prêt. Entre mes lèvres la nuit déborde, il fait noir comme à l’intérieur d’une école en feu.
Mes souvenirs me laissent dans la bouche une odeur de bois cordé; ma tête farcie de feuilles mortes est un chalet défoncé par de vieux coups de vent, de vieux orages et des siècles de chiens méchants. Je fais ce que je peux, je ne pense plus, je flambe comme le fond d’un tonneau rempli de promesses. Quand dans mes veines le sang ne sait pas où aller, chaque mot prononcé reproduit le bruit rouge que font les oiseaux tués par balle.
François Guérette