Un géant méconnu

Publié le par la freniere

891195-auteur-compositeur-interprete-estrien-jean.jpg

L'auteur-compositeur-interprète estrien Jean Custeau n'est plus. Le coloré personnage a rendu l'âme, samedi, à l'âge de 66 ans.

 

Les témoignages affluaient hier, au lendemain du décès du grand musicien estrien. Transporté à l'hôpital mercredi dernier des causes d'une embolie pulmonaire, l'homme a succombé à un infarctus, entouré des siens.

I

l a connu une carrière musicale bien remplie, enregistrant sept albums entre 1975 et 2011, mais la reconnaissance du grand public ne s'est jamais manifestée en plus de 40 ans de carrière.

 

L'homme est décrit comme vif d'esprit, amusant, entêté, généreux et exubérant : il ne laissait personne de son entourage indifférent. Ce qui était un peu l'inverse au sein de l'industrie de la musique au Québec.

 

«Que dire de Jean Custeau sinon qu'il n'a jamais eu la reconnaissance qu'il méritait? Le Québec vient de perdre un grand musicien qu'il ne connaissait pas, malheureusement», mentionne Paul Toutant, son ami de longue date et ancien journaliste culturel à Radio-Canada.

 

Sa conjointe, Johanne Rondeau, souligne toute la persévérance démontrée par Jean Custeau dans une carrière «qui n'a jamais été là où il aurait aimé qu'elle aille».

«Il n'était pas dans les canons de la musique formatée», estime Anne Dansereau, l'une de ses complices.

Jean Custeau détenait un studio d'enregistrement dans l'ancienne municipalité de Beebe, devenu Stanstead, et tenait à vivre dans les Cantons-de-l'Est, ce qui a pu contribuer à l'indifférence des grands décideurs montréalais selon M. Toutant.

«C'était un type droit comme une barre, il avait un franc parler et des idées bien arrêtées», note Mme Dansereau.

 

Un ours au coeur tendre

 

Tous le soulignent à répétition : Jean Custeau cachait une personnalité généreuse sous ses airs de durs et ses blasphèmes répétés.

«C'était un grand-papa et un papa très aimant. Il avait l'air d'un dur, mais avait un coeur gros comme la planète», raconte sa fille Marie.

«Il aurait voulu, s'il avait eu de l'argent, aider les jeunes artistes à percer parce qu'il savait combien c'était difficile», mentionne sa conjointe.

 

Cette générosité envers les autres artistes a amené tout récemment Jean Custeau à réaliser un album pour Pierrot Fournier : son dernier grand projet dont il a pu voir l'aboutissement avant son décès.

«Il a décroché un contrat de disque et de distribution pour l'album et c'était une grande fierté pour lui; il en parlait souvent. Il disait qu'à défaut d'avoir réussi pour lui, il aurait au moins aidé quelqu'un à y parvenir», mentionne-t-elle.

 

Une vie à travers Brassens

 

«Si je croyais en l'au-delà je verrais Jean avec George Brassens, dégustant un verre de Gevrey-Chambertin. Brassens était son idole et c'était son vin favori», relate M. Toutant.

Le dernier opus de Jean Custeau (Brassens d'abord!), lancé en 2011, regroupait une série de reprises de George Brassens. «Il avait une grande audience en Europe, il a endisqué des textes inédits de Brassens que sa succession lui a permis d'enregistrer», explique son ami.

Anne Dansereau était épatée par l'immense culture musicale de son ami. «Il connaissait tout de Brassens; il a aussi composé une chanson en l'honneur de Félix Leclerc et de Maurice Richard (Félix et Maurice), deux de ses idoles.»

 

«La musique, c'était toute sa vie», mentionne Mme Rondeau. Heureusement, celle-ci subsistera et sera peut-être, un jour, reconnue à sa juste valeur.

 

Alexandre Faille   La Tribune

 


 

Publié dans Les marcheurs de rêve

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article