Disons

Publié le par la freniere

disons que les livres lus, la littérature ingurgitée, les voix absorbées, aient été des forêts, de celles qui nous peuplent avec les ans. puis disons qu’il s’agit aussi de lentes décompositions, puis d’humus. disons que certains arbres de cette forêt génèrent ou regénèrent. disons que cela fait terreau où planter la jeune pousse, disons encore que le vivant de l’écriveur lui soit ruisseau, disons plus avant que la nature prend du temps à développer ses pulpes, disons que dans la patience nécessaire oublier est tout aussi nécessaire.

marcher parmi la forêt nous ramène un jour au point où avait été plantée une pousse qui n’en est plus une, s’y trouve un arbre tout au bord de l’eau courante et vive, un arbre étrange d’une essence étrange. disons que son écorce est lisse et jaune pâle, disons que ses feuillages sont diaphanes et lactescents, disons encore que ceux-ci semblent de la grandeur d’une main, et que si on y regarde bien des mots s’y sont écrits comme veinules. ainsi des arbres grandissent portant un livre, et le livre nous apparaît que lorsqu’il est mature et prêt. je viens d’en retrouver un. je ne sais pas combien j’en ai planté, mais celui-ci, je le découvre, m’attendait.

Catrine Godin

Publié dans Poésie du monde

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