Ma terre, je suis ta fille
O terre, O forêt,
Je suis votre fille.
Bercée au son des arbres, rythmée au bruit du sol.
La rivière me transforme telle une mélodie
dans une chanson tzigane.
Je rejoins les montagnes,
dressées haut dans le ciel,
J’ai mis ma plus belle jupe,
cousue avec des fleurs,
et j’exalte, avec toutes mes forces,
cette terre polonaise, rouge et blanche !
Mais terre, tu es en larmes !
criblée par la douleur.
Mais terre, ton rêve pleure !
tel un petit tsigane
venant naître sur ta mousse.
O terre, pardonne moi de t’avoir blessé
par mes chansons amères,
par la souffrance tsigane.
Faisons de nous deux un seul corps,
après tout, quand je mourrai, tu m’accueilleras !
Terre noire de la forêt,
sur toi j’ai grandi,
dans ta mousse je suis née.
Au milieu de toutes ces créatures,
qui ne cherchaient qu’à mordre
mon jeune corps.
O terre, tu prends dans ton sommeil,
mes larmes et mes chansons,
O terre, tu absorbes ma tristesse et mes joies.
Terre, je crois en toi, profondément.
Je peux mourir pour toi.
Personne ne pourra t’arracher de moi
et je ne te donnerai à personne.
Bronislawa Wajs
poétesse gitane
traduit du romani