Il y avait

Publié le par la freniere

il y avait dans les temps anciens
des pères et des mères
qui ressemblaient à des fleurs
il y avait des paroles comme des offrandes
des gestes d'animaux doux
il y avait l'arbre
l'esprit de la forêt
il y avait le vent
armateur des longues vagues du rêve
il y avait à perte d'horizon
l'océan et ses oiseaux d'écume vertigineux
il y avait bien avant nous l'espèce humaine
des singes magnifiques
hurleurs et joueurs, pensifs et festifs
il y avait des hibiscus géants
des vagins naturels
et le feu et l'eau s'aimaient d'un amour impossible
je n'étais pas né
mais je me souviens des continents
qui se déplaçaient s'entrechoquaient
je me souviens
des vrombissements nocturnes
des craquements soudains
et du chant monacal de la hulotte
je me souviens de l'air qui manquait
quand vint l'assaut des immenses incendies
j'aurais voulu être un oiseau
un aigle au regard sans jugement
se laissant porter par les courants atmosphériques
je me souviens ...
je crois me souvenir
du premier rire
il n'en fallut pas plus
pour que resplendisse la vie.


 

André Chenet

La Colle s/ Loup, le 31/03/2016

 

Publié dans Poésie du monde

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