Fête des mères
Tu allais donner à manger aux canards sous le pont de la Sorgue. Tu leur parlais. Tu leur disais ta solitude. Moi j'étais ailleurs, jeunesse occupée par un si plein des choses vaines. Ces choses abandonnées plus tard comme des mues. Tu vois, j'ai le cœur nostalgique. J'agite le feu des mots pour créer des oiseaux, pour crépiter une musique, pour rameuter cette nature que tu aimais tant. Je vais aux mots pour que ne meure l'essentiel dessous les maladresses. Ma Mère, où es-tu maintenant dans cet ailleurs dont tout j'ignore ? Ne sommes-nous qu'un anniversaire sur un calendrier de mai, Fête des Mères ? Le temps joue à qui perd gagne, irrattrapable. Aucune courte-échelle sur le haut du mur ne peut joindre le temps où tu m'écrivais : "Tu resteras toujours ma petite fille". J'ai un vieil âge maintenant et rien ne peut plus cuire et partager le pain qu'ensemble nous aurions pu donner aux canards sous le pont de la Sorgue. Mais je te parle ici, et c'est un mot d'amour.