Pauvre
C'est un taureau aux pattes avant cassées. Ils lui ont cassé ses pattes pour satisfaire leurs jeux du cirque. Ils s'acharnent. Quatre matadors bariolés, ignobles, grotesques, psychopathes. Ils frappent, piquent, insultent, ils le veulent debout. La bête essaie de se mettre debout. Ses pattes avant sont cassées. Ils les lui ont cassées. Les quatre monstres s'obstinent sous les encouragements hystériques de la foule en liesse. Dans l'arène, le taureau s'écroule, il se couche sans se plaindre. Les fous exultent leur haine. Cette scène, je l'ai vue sur un de ces réseaux sociaux qui relaient tant d'informations. Bien sûr, j'ai signé la pétition contre la corrida. Bien sûr. J'ai pleuré aussi d'appartenir à cette race humaine qui jouit de torturer ses frères, toutes espèces confondues. Puis j'ai écrit ce texte, comme une caresse longue, douce, pour le taureau, et pour tout ce qui souffre sous tous les jougs. Un texte pour dire ma douleur que des hommes choisissent de briser la vie. C'est un texte pauvre, sans ampleur autre que de dire ce qu'il dit. Un texte juste pour aimer.