Sur le fil du temps
à Tristan Cabral, poète funambule
L'homme tu ne le connaîtras
qu'au bord du chemin
en partageant un repas de mûres
ou bien en titubant d'ivresse
le long de ce même chemin
qui semble n'avoir pas de fin
l'homme jamais comblé
qui t'appelle et te presse
te défie et t'envie
te trahit et t'oublie
il se courbe l'homme
quand il est triste
parfois il demande pardon
mais il est presque toujours trop tard
L'homme tu ne le connaîtras
qu'au bord d'un précipice
acculé par un ennemi invisible
qui n'est autre que lui-même
ou plutôt tu ne le reconnaîtras
qu'après avoir traversé sa nuit
comme une étoile filante
révélant rêves et désirs inavoués
il a mal à sa vie l'homme
son silence pèse lourd parfois
et les questions qu'il ressasse
finissent par former des noeuds
dans sa gorge serrée de solitude
où les mots d'amour ne coulent plus …
André Chenet, mars 2018