À une amie

Publié le par la freniere

La liberté c'est surtout un slogan...un rêve d'une partie des gens de ce pays; nous ne l'avons pas connue vraiment, nous la mystifions. D'abord des esclaves de seigneuries de France, puis des perdants d'une guerre contre l'Angleterre, en suite, la botte des curés pour survivre de peine et de misère. La liberté, c'est un mot dont on connaît mal le sens et surtout nous ne l'avons jamais gérée vraiment, pas comme le Vietnam en tous cas. Nous sommes des colons et les complexes de colonisés, c'est ce que nous vivons le plus profondément. Ce projet de Liberté a été construit avec un handicap majeur, c'est pourquoi il trépigne et vire en rond; on a oublié sérieusement les canadiens-français d'ici et hors Québec, on a oublié les métis et même les Premières Nations, comme l'on fait les Étatsuniens. La côte à monter avec une jeunesse qui ne comprend pas cette volonté de se couper du Monde, selon eux, est un autre handicap qui sera bien difficile à surmonter. Un peuple c'est comme une seule personne, ça oublie, ça se souvient, ça se décourage, puis se relève...ça peut mourir aussi, comme le dodo d'Australie, comme le tigre de Tasmanie. Je trouve triste l'idée que mes petits-enfants ne puissent lire ce que j'écris, mais je le vois bien ce que ce projet à créé de problèmes pour enterrer des solutions. Les Québécois sont résilients...je vis en Abitibi depuis 1949, je sais de quoi ils sont capables, je sais aussi que les plus courageux tombent parfois sous les coups. Mon grand-père Mohawk s'est noyé en sauvant un prospecteur blanc. Les mines que cette homme cherchait pour gagner sa vie, empoisonnent les animaux, la terre, les rivières, le fleuve St-Laurent en bas de la côte et les blancs d'ici n'ont pas réussi à créer des liens solides avec le peuple Anishnabeg. Nous sommes comme bien des peuples de la Terre, un peu ignorants des autres et rien de cela ne nous vient en aide. Ce ne sera pas des slogans qui vont nous sortir du trou. Comme le répétait la petite fille qui avait mal entendu les profs en grève en sortant de son école: "So, so, so, soleil amitié"! Si j'étais président d'un pays, je souhaiterais qu'il reconnaisse sa dépendance, comme tous ses voisins devraient le faire. Nous sommes tous dépendants les uns des autres et je crois que l'avenir, si elle existe, devra comprendre cette simple notion. Mon bonheur dépend du tien. Bon printemps, bon été chère Dame.

Daniel Gagné

Publié dans Poésie du monde

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