De Roth à Boisvert
Journal de bord de la Paraculture, mercredi 13 Juin.
Wow! Revenir à l'écriture avec le bruit de la tondeuse à gazon et les pas des enfants en bas, je suis rendu à mon nouvel appartement sur la rue Desrosiers, première soirée, première introspection, il faut que je fasse mon bilan du Festival et il faut que je prépare le show du Crapo samedi à Matha.
En attendant je veux vous parler du livre de Philip Roth, trouvé dans la librairie-galerie de Ste-Émélie, "Un Homme" (Everyman, 2006). Tout homme, seul avec la mort, ses opérations chirurgicales, ses échecs amoureux, ses réussites sociales, ses remords de père, ses regrets d'amant, ses amours ratés, ses enfants enragés, sa fille adorée, ses mensonges éhontés... il fait son bilan.
Ses visites de cimetière où sont enterrés ses parents, ses grand-parents et lui-même assistant à son ultime épisode, il prend le temps de jaser avec les croques-morts, ouvreurs de tombe et remplisseurs de vide, sur la fabrication du trou, la manière de faire, les dimensions, le temps que çà prend et le reste où le corps va être envoyer en pâtures au temps.
Ce petit livre, lu d'une traite (182 pages), pas capable d'arrêter, je comprends que cet auteur était nobellisable avec cet épatant regard sur la vieillesse, la maladie et les bilans de vie. J'avais lu "La Tache", il m'avait fait le même effet, je suis bien content de lui rendre un hommage posthume quelques semaines après sa mort saluée partout à travers le monde...
Les libraires (Bruno et Richard) m'ont réservé quelques surprises d'outre-tombes pour mon projet d'été d'animateur du livre et des arts visuels, la paraculture se promène comme des spores...
Dans le domaine québécois, Pozier des Forges vient d'éditer un Boisvert, Yves de son prénom, posthume, "Une Saison en Paroisses Mauriciennes"(2013). Comme un arpenteur des réalités québécoises, Yves voulait témoigner de son amour des lieux et des gens vraiment typiques, ce sont des personnages qui sont des paysages, des incongruités qui sont des courses de char sur les rangs de campagne et des sambas sur la Place Rock-and-Roll-Coca-Cola-Patates-Frites de la Mauricie.
Le Guide Tous Risques (Hic! Tique!) est un pélerinage de La Tuque à Cap de la Madeleine, où les cantouques ramenaient dans le sillage, les débris de la société moderne et réanimaient la foi des éberlués, chez le marchand de blues, la clémence de la petite extrace ou encore l'ode au St-Laurent... Je me rappelle les fois où Miron nous chantait la Complainte de la Mauricie, "Ah! Que le papier coûte cher...".
En introduction du livre, il nous offre le texte complet de la chanson traditionnelle...
Cher Yves, çà boucle la boucle des Jets-Usages-Résidus avec Pozier, Jacob et Louise Blouin, un clin d'oeil à Serge Mongrain...
Boisvert est comme un "jumper" de train, il nous "tague" son itinéraire de Chaouin, amenez vos piles et vos rosaires, le chalet (et la chaletterie, terme inventé par Y.B.) est ouvert ad vitam eternam, avec Boisvert dit De Nevers, c'est toujours une introduction par effraction, à quelques choses d'inouïe, d'inattendue, mais pas désespérée, simplement, oui égale non, et encore nous parlerons du chiffrages des offenses, c'est la mathématique des absurdités et la joie des jeux de corde à linge ou des noeuds de marine marchande.
Sur la jetée des poèmes sauvés du monde, gardez tout en mémoire!
Merci les Forges, toujours à l'Ode du Jour...
Salut! Homme de l'Avenir, nous nous reverrons un jour dans l'au-delà de la rivière St-François...
Alain-Arthur Painchaud