De la honte à la fierté
De la honte à la fierté
De la noirceur à la lumière
De la guerre à la paix
J’ai longtemps eu honte, un peu de tout. C’est une émotion que j’ai apprise. Ça ratatine tout le dedans. La fierté était loin d’être une vertu cardinale chez les québécois. C’était issu d’une croyance judéo-chrétienne qui sert à mater le vivant. Cacher nos plumes et notre ramage. Il ne faut pas se montrer. Rêver cachés comme les perdants que nous fûmes après la conquête des anglais. Dominés, nous avons été des êtres dominés. Il nous a fallu plier l’échine, taire notre langue, arrêter de penser...à quoi bon, l’église était là pour le faire et nous dire quoi faire ou pas. Les anglais puis l’église. Ça prend du temps pour un peuple à relever l’échine. À force d’être écrasés avec la peur d’être exterminés, on paralyse. On se fige, on se terre, on s’enfuit, on boit, on se drogue, on s’enfile des antidépresseurs pour survivre pour ne pas être. Je comprends les amérindiens et tous ces peuples conquis. Rester sains, fiers et pensants, debouts et droits quand nos arbres ont été étêtés et ébranchés... Heureusement qu’il nous reste des racines pour se reconstituer, pour renaître. Non on ne nous a pas tout enlevé. Maintenant que tous les peuples sont confinés, il n’y a plus de gagnants. On demande à chacun quel que soit son origine, ses croyances, sa langue, sa religion, son âge de participer. Toutes les initiatives créatives et aidantes pour l’humanité, des toutes petites aux plus grandes sont les bienvenues. Chacune d’elle est accueillie et reconnue, applaudie et félicitée. On se rend bien compte en ces jours, où on ne peut plus se donner la main ni se voir en personne, on se rend bien compte de l’importance de chacun(e) et combien se donner la main, geste qui avait perdu de son essence, reprend toute son importance. Ce n’est plus la course à la performance, à la réussite, à qui est mieux que l’autre, qui gagne plus d’argent, qui est le plus petit ou le plus grand. Notre voisin, le gorille milliardaire qui se tapait sur le poitrail est en train de se dégonfler, avez-vous remarqué ? Ce grand argentier qui voulait s’imposer à la face du monde… Tous les puissants perdent de leur superbe avec leurs discours et le pouvoir que leur conférait l’argent. Tout le monde est confiné car chacun d’entre nous représente une menace pour notre survie. Petits et grands, sans égards à notre langue, notre culture, notre couleur, nous sommes tous concernés. Chacun(e) fait preuve d’engagement en partageant humblement, à notre mesure, selon nos inclinaisons et nos goûts afin de donner au suivant. Nous sortirons de cette crise, fières et fiers. Nous le sommes déjà, le sentez-vous ? Cette crise nous réapprend qui nous sommes et combien nous avons besoin les uns des autres. Nous grandirons ou nous mourrons. La planète fait le ménage. Elle sait ce qu’elle fait, écoutons… Cette crise sert également à réhabiliter notre fierté... et tant d'autres choses que nous verrons apparaître et naître. Ayons l'oeil! et le bon!