Chez toi

Publié le par la freniere

Tout sent bon chez toi. Tes paroles, tes rêves, tes caresses. Quand je parle de toi, une vague me soulève. Les oiseaux volent plus haut. Les arbres sont plus verts. Les fleurs sont plus belles. Le ciel met sa robe de bonheur, ses souliers de printemps. La terre met ses pas sur les sentiers du cœur. Les greniers du chagrin retrouvent le sourire. Tu es belle, tu sais. Tu m’ouvres l’appétit. J’en veux encore. J’en veux toujours.

Tu es belle et tu sens bon. Tu es belle comme le jour où je t’ai vu. Tu es belle comme un fruit.Tu fais de la musique dans tes pas. Tu ouvres l’invisible aux fleurs inconnues. Tu parles aux anges comme un oiseau. Tu rallumes le feu. Tu fais rêver les choses. Tout est beau chez toi. Tes seins, tes poèmes, tes mots. Tu joues du Bach avec le balai. Tu cuisines la neige. Tu épices ma vie avec des herbes folles, des grains de provende, des grains de beauté, des taches de rousseur. Tu enfiles des perles au collier de mon loup. Tu chantes comme l’eau sur la couleur des ronces.

Tout est propre chez toi. Le floc-floc des talons est comme une sonate. Ton cœur brille comme un soleil sous la robe des nuages. Les syllabes du jour copinent avec les mots rares. Tu donnes à chaque chose un peu plus de lumière. Tout sent le ciel chez toi. Tes crayons, tes cuisses, tes longs foulards de joie. C’est plein d’été partout. J’en veux encore. J’en veux toujours. Dévêtue dans mes bras, tu m’habilles de tout. Le temps où nous sommes ensemble accède à l’infini.

Tout est douceur chez toi, même tes sautes d’humeur. Il te suffit d’un mot pour retrouver tes ailes, d’un baiser pour voler. Il suffit d’une caresse pour traverser le monde. Le dos rond de la terre retrouve sa jeunesse sous tes pas de rosée. Le vol bas d’une colombe accompagne nos jeux. La vieille bête du temps redresse son échine et gambade avec nous. Tout est prégnant chez toi. Toutes les portes s’ouvrent sur la vie. Tes robes font le bal au fond de la garde-robe enlaçant mes chemises.

Il fait soleil chez toi. Des rivières sauvages traversent le salon. Je m’y baigne avec toi pour retrouver la source. Des brins de mimosa embaument les fenêtres. Ta chambre est un voyage, un coin de gazon frais où s’étendre pour lire, une forêt de laine. On peut voler nos heures, il nous reste la vie. On peut tuer nos jours, il nous reste l’amour. Tu es nue comme la pluie. Tu es belle comme la nuit. Tu es celle que j’aime toujours plus davantage. Je découvre mon corps en m’approchant du tien. Je mets le verbe à nu pour approcher tes lèvres.

Mes mains vivent pour toi. Elles volent à ta rencontre. Donne-moi tes jambes. Offre-moi tes lèvres. Prête-moi tes bras et tes désirs. Nous nagerons vers le plaisir avec un corps à double tête. Nous fermerons la mort à double tour. Mes mains pétrissent ta chaleur. Où mes doigts se divisent, tes hanches accueillent mes caresses. Nous inventons la vie, la lumière dans l’ombre, la mer dans un lit, le ciel dans la chambre, un pain d’espoir pour les dents de la faim, un miel d’absolu dans une ruche d’écume. Ta chair féconde ma parole. L’amour la mûrit.

Je ne te cherche plus. Tu es partout. Je creuse un peu dans l’ombre. Je soulève le jour. J’entrebâille la nuit. La lumière apparaît. J’aime la fille la plus nue du monde, la plus vraie, la plus belle. Je t’aime. Le désir nous prend, riche en semences, en merveilles, en soleil. Nous allons beaucoup plus loin à deux. Nous allons où nous devons aller. Ma langue garde encore le bonheur de la tienne. Si j’ai faim quelque fois, j’ai la bouche pleine de mots d’amour, les yeux remplis de rêve, l’oreille dans l’oiseau. Je reconnais ta voix dans une goutte de pluie, un grain de sable, le froissement d’une feuille, le passage d’une étoile. Je marche à toi les bras ouverts depuis longtemps, comme une flamme dans le feu, une rivière dans le fleuve, une étoile dans le ciel, la beauté sous l’orage.

Tout est chaleur chez toi. Tout brille comme une lune, un soleil, une mer. Tous les oiseaux t’attendent. J’aperçois ton sourire dans les yeux des chevreuils. Le jour dessine ses images à partir de tes mots. Tu as tant de bonté. Tu la répands sur moi. Tes gestes et tes caresses, je les aime un à un. J’y déguste la vie. Ma main parle à voix haute pour te caresser. Mon oreille te voit, te respire, t’entend. Ton corps est plein de sources. J’y baignerai mes mains.

Je t’aime sur la pointe des pieds, sur le pli de la nuque, sur la pointe des seins. Je t’aime sur la bouche, sur la courbe des hanches, sur les ongles d’orteil. Je t’aime derrière les oreilles, l’odeur des cheveux, dans les grains de beauté. Je t’aime, debout, couchée, assise. Je t’aime nue ou habillée de soie. Je t’aime hier, aujourd’hui et demain. Je t’aime à tout jamais. Je t’aime dans les yeux, la voix, le visage, les mains. Je t’aime toute et j’aime tout de toi. Je m’habille pour te plaire même quand tu n’es pas là. Je m’éveille la nuit pour t’aimer. Ta douce nudité dispense la lumière.

J’avance pas à pas, bras ouverts, mains tendues, les yeux fixés sur toi pour abolir la distance. Tes rires de faïence me versent la tisane. Je bois l’espoir dans la coupe de tes mains. J’arrose mes plantes pour te rejoindre. J’accumule des livres comme un grand pont de mots. Je jette l’encre sur tes pages. Il va pleuvoir et tu vas rire dans ma tête. Penché sur l’abîme, je remonte vers nous les ailes qui nous manquent.

Je t’aime sur la peau, sur les mots, sur la mer. Je t’aime sur le ciel, sur le pain, sur le vin. Je t’aime sur la vie et même sur la mort. Je t’aime sur la lune, sur les reins de la terre. Je t’aime sur les seins, sur les mains, sur les yeux, sur les paupières ouvertes des fleurs du jardin. Je t’aime sur les pieds, sur les pointes d’étoiles, sur les chevaux du vent. Je t’aime sur les arbres où s’envole un oiseau, la neige des pommiers, le rouge du couchant.

Tous les points cardinaux mènent à toi, les jours de feu, les jours d’eau, les nuits de froid, les nuits d’été, les mois de fruits, les mois de mer. Tu es ma seule géographie, l’écriture du vent et celle des oiseaux, la soif des grands fleuves, la splendeur des sommets. Je regarde rougir deux coquelicots sous ton corsage. Quand on s’embrasse, on change quelque chose. C’est comme planter un arbre ou réveiller la ruche. On salue le soleil tout en faisant du miel. On s’élève en prière tout en faisant l’amour.

 

Publié dans Prose

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