Un dieu un peu triste (France)
C’était un dieu sérieux bienveillant appliqué
Il n’ambitionnait pas de marcher sur les eaux
Il ne ressuscitait pas les morts d’entre les morts
Il n’aurait pas pensé à faire des miracles
Il faisait son métier très consciencieusement
auprès des solitaires au chevet des malades
Il apaisait les peurs nocturnes des enfants
Il berçait la douleur de celles qui restent seules
Il posait sa main sur les fronts brûlants
Il essuyait les larmes des abandonnés
Il tenait la main des mourants vers le noir
Comme les bonnes âmes aident les vieilles dames
à traverser la rue il aidait seulement
les gens dans le tourment à traverser la vie
Quand on lui demandait des choses pas sérieuses
retrouver un collier perdu garder le cœur d’un infidèle
gagner à la loterie ou que revienne un chien perdu
il haussait les épaules sans méchanceté
et disaient des humains «Ce sont de grands enfants»
C’était un dieu moyen de quatrième classe
un dieu modeste et bon qui connaissait la vie
Des hommes de savoir sont venus et l’ont pris
Ils l’ont emmené restauré étudié
ont écrit des traités sur sa philosophie
Ils l’ont restauré étiqueté muséifié
Les visiteurs s’arrêtent devant l’ancien dieu
Et disent «Que c’est beau» Il ne comprend pas
Il n’avait pas voulu être beau mais simplement utile
C’est un dieu un peu triste et qui ne sert à rien