Paul Mari
Né à « COARAZE-en poésie. Il perd sa mère à l’âge de 14 ans.
Dès 1950, étudiant en philosophie, crée le Club des Jeunes qui devient très rapidement un lieu de vie pour les poètes, les écrivains, les peintres et tous ceux qui s’intéressent à la création contemporaine. Y apparurent parmi bien d’autres : Henri BOSCO, Lanza DEL VASTO, Jean ONIMUS, Jacques PREVERT, Robert GAILLARD, Jean COCTEAU, Jean MALRIEU, Louis NUCERA, Robert RONINI, Mme de SAINT EXUPERY, et nombres d’autres. Un éclat particulier fut donné à la célébration de Paul ELUARD. Le Club dura jusqu’en 1963
En 1953, est élu, avant l’âge légal de 23 ans, plus jeune maire de France (de la ville de Coaraze). Il le restera durant 18 ans.
Dès 1955, il crée à Coaraze les Rencontres Poétiques de Provence, présidées par Jean COCTEAU jusqu’à sa mort. Chaque année, plus de 200 poètes venus de toute la francophonie, se réunissaient. Un prix de poésie attribué avec le concours du club des jeunes, sous la présidence de COCTEAU, comprenait en son jury Gabriel AUDISTO, Jacques LEPAGE, Armand LUNEL, NORGE, Jean ONIMUS, Jean ROUSSELOT, André VERDET. Parmi les personnalités innombrables qui fréquentèrent ces Rencontres, relevons les noms de Tristan TZARA, Charles VILDRAC, Geo NORGE, Pierre BEARN…
Les Rencontres prirent fin en 1970. Paul MARI a ouvert une VOIE ROYALE de Poésie dans le sud-est de la France. D’autres ont repris le flambeau jusqu’à aujourd’hui….
1974. Le poème COARAZE inspire le court métrage « FAIT A COARAZE », réalisé parGary BELKIN et Julius ENGEL, qui obtint les prix Jean VIGO et Antonin ARTAUD.
IL reçut le Prix François VILLON, le Prix THORLET de l’Académie Française….
En tant que fondateur des éditions Coaraze, il publie :
- MIRACLE SMITH, de Claude PASCAL, illustré par ARMAN
- LEONARDO DA VINCI LE REBELLE, d’André VERDET avec une lithograhie
d'AMBROGLIANI
- ARAMATURE CENTRALE de Roland CLAUDEL (Héros des Brigades Internationales)
- SI J’EN CROIS LE JASMIN de Madeleine RIFFAUD (Poèmes sur la guerre d’Algérie).
Peu après avoir démissionné du parti communiste (après les drames hongrois et tchécoslovaque qu’il condamne ouvertement), il s’exile trente quatre ans durant de son pays natal et s’en va s’inventer de multiples vies dont la poésie demeure le fil conducteur, en dépit des apparences. Il devient éditeur et revuiste à Paris jusqu’en 1980, séjourne à Bruxelles, mène une vie châtelain désabusé, une pause brève et inespérée au milieu des difficultés de l’existence.
Il continue d’écrire l’urgence du quotidien tout en affrontant avec un entêtement sauvage les avatars de l’impitoyable réalité.
1986. Participe au premier Festival de la jeunesse de la ville de Nice XXIème siècle.
Devant plus de 2500 personnes, il lit des extraits de son recueil "et des Autres" (Avril 2006)
Il revient habiter à Nice en 2005.
2006/ 2007. A écrit 4 romans, qu’il vient tout juste d’envoyer à divers éditeurs.
Depuis 1953, il a publié 12 recueils de poèmes :
- ILLUSOIRE, Seghers
- SYMPHONICA SACRA, Henri de Lecspet (Illustrations Henri MACCHERONI)
- CONSCIENCES, Seghers
- FIGURES DE DANSE, Milas Martin (Préface de Jean ROUSSELOT, illustrations de
Gabriel PARIS)
- GROTESQUES, Oswald (Illustrations Jean-Marie THIBAUD, préface de Jean
ONIMUS)
- LE PARCOURS DU PIETON, Prix François VILLON
- VOYAGE EN TÊTE, Milas Martin
- COARAZE, Chambelland (Illustré par Orlando PELAYO)
- L’EMPLOI DU TEMPS, Chambelland (Illustré par Henri GOETZ, préface de Jean
MALRIEU, Prix de la Sonde de Rome.
- LA VIE C’EST DES PLATANES ET DES FILLES SUR DES CHAISES, Caractère
- DECORS ET DES AUTRES, Editions Saint Germain des Près
(Illustré par Henri GOETZ et Geneviève COUTEAU)
Renseignements glanés sur : poesiedanger.blogspot.com/
On ne construit rien comme il faut
Tout se conjugue à l'inhabile; un grand massacre
de mots rouillés,
à l'amertume, au bruit, au rire.
Ou alors des exclamations de joie, pour affirmer
que tout est occupé en soi, qu'il ne reste rien
de soi qui ne soit libre, rien qui ne crie victoire
sur le trottoir.
Toujours une fenêtre ouverte
vous regarde pour questionner:
croyez-vous vraiment que le malheur existe?
Il n'y a que la solitude qui vous enroue;
alors on cherche une femme pour coucher
et on lui dit: je t'aime
et quand on aime on ne sait plus.
***
Il y a toujours le reflux qui emporte le cœur
à l’autre bout de la terre,
là, où il n’y a plus de voix à aimer
là, où il n’y a plus d’amis à attendre.
Il demeure ce long chemin de terre battue
qui s’enfonce dans la nuit
où l’on perd pied, où l’on perd souffle
Il demeure la faiblesse à la main droite
et sur cette fleur donnée
comme le serment pour vaincre la peur
qui tenaille la vie
Il demeure le croisement de la lame nue
ce bras qui allonge l’adieu sur cette boule
de nerfs à vaincre
il demeure que rien n’est jamais dit tout à fait
Il y a toujours la fuite de l’émotion
comme celle de l’oiseau blessée
la charge de sang qui vous ploie
comme celle de l’alcool titube
Il y a toujours le reflux qui emporte le cœur
à l’autre bout de la terre
là où il n’y a plus de voix pour crier.
In « Le parcours du piéton » (José Millas Martin Editeur)
Prix François VILLON, 1964
Je regarde
ceux qui ont les yeux verts des arbres
je regarde leurs veines qui courent
les sémaphores de leurs mains
leurs corps articulés de lumière
Je regarde la mariée du parc Montsouris
sa robe à fleurs
près de la vieille maison endormie
je regarde ceux de la noce qui portent des costumes
Je regarde la terre qui engloutit l’eau
aux pieds des arbres pleins de promesses
les oiseaux affolés par l’averse
En tes yeux je regarde ce que tu ne me dis pas
sur tes lèvres, je devine
ce que tu caches
je te regarde comme si j’avais toujours su
que tu n’existais pas
***
Ici, il n’y a plus rien
Les jours de noce
s’entassent comme du linge sale
au mur, l’échelle qui au cours des temps
a servi
à détacher les pendus
Les maisons ont jauni,
les arbres grandi dans le silence
Trainent les factures
des saisons perdues
Ici, il n’y a plus rien
Echappant à l’histoire
les heures
deviennent poussière
dont se moque le vent
Ici, il n’y a plus rien
le hasard joue avec les couleurs du caméléon
la peur se fait patience
certains veulent partir
Pour aller où ?
Ils l’oublient chaque nuit
***
Le ciel descend des collines avec le hibou
le long des aiguilles de pin
l’eau s’enfuit avec la ruse du renard
vers les rêves de l’enfant
Derrière les rochers éparpillés
comme des signes
sur les crêtes du soleil
des cris d’hommes au regards lourds
d’avoir couvert la terre
La fête gonfle les plumes des oiseaux
qui, pour leurs noces vertes
accaparent les arbres épais
Sur le sexe serré d’une fille
assaillie par l’odeur d’herbes sauvages
une écharpe de nuages bleus
Du rouge cœur d’un feu de joie
naît l’alphabet des nymphes et des dieux
En ces campagnes barbouillées de tendresses
chaque fleur offre
le cri de la pleine lumière
où l’on demeure assouvi
In L’emploi du temps